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Hans-Rudolf Merz estime qu'il fallait débloquer la situation

Après un an d'efforts infructueux dans une escalade croissante, il fallait sortir du blocage, explique le président de la Confédération. S'il a fait faux, il assumera. Pour l'heure, on attend les otages.

22 août 2009, 13:15

Hans-Rudolf Merz n'avait pas la tâche facile, hier. Depuis son retour de Tripoli, il a essuyé de nombreuses critiques pour s'être excusé publiquement des méthodes musclées de la police genevoise contre le fils du président libyen l'été dernier, alors même qu'un tribunal arbitral devait statuer sur cet épisode, n'obtenant en outre qu'une promesse orale de libération des deux otages suisses.

Il a indiqué que ce déplacement était prévu depuis plusieurs mois, avec l'objectif de rencontrer le président Mouammar Kadhafi. Rendant hommage aux efforts de sa collègue Micheline Calmy-Rey pour normaliser les relations avec la Libye, il a bien dû constater que la situation n'avait pas évolué. Elle avait plutôt empiré, à voir l'escalade des revendications et des injures à l'égard de la Suisse.

Or, deux ressortissants suisses restaient bloqués en Libye depuis un an, alors que les échanges économiques entre les deux pays étaient tombés au point mort. «Mon but et ma mission étaient dès lors de sortir de cette impasse», a-t-il indiqué hier, pour justifier une certaine improvisation sur place. Il a ainsi présenté des excuses, puisque c'était là un préalable absolu pour Tripoli.

L'institution d'un tribunal arbitral chargé d'étudier les circonstances de l'arrestation de Hannibal Kadhafi représente, par ailleurs, une procédure parfaitement connue en droit international public. Si les détails de l'accord signé jeudi avec la Libye (incluant cette procédure) n'étaient pas connus du Conseil fédéral, des experts suisses en droit international l'avaient jugé acceptable.

Hans-Rudolf Merz ne porte aucune accusation contre la police et la justice genevoises mais, là également, il constate que rien n'a évolué du côté de Genève pour permettre de sortir de l'impasse. Il espère en tout cas que les instances genevoises concernées collaboreront avec le tribunal arbitral. L'exécutif cantonal s'est déjà inquiété que des coupables puissent être désignés par ce tribunal.

Le président de la Confédération précise que ses excuses ne portaient pas sur une quelconque violation du droit par la justice genevoise, mais sur le caractère disproportionné de l'intervention policière, étant donné les circonstances. Un doute subsiste (le tribunal arbitral l'éclaircira) sur le statut diplomatique de Hannibal Kadhafi au moment des faits. En tout état de cause, le président de la Confédération dit assumer l'entière responsabilité de sa démarche à Tripoli. Il a reçu la promesse orale du premier ministre libyen que les deux otages suisses seraient libérés avant le 1er septembre. Si cette promesse n'est pas tenue, «j'irai les chercher», dit-il. Et d'ajouter: «Si je n'y parviens pas, alors j'aurai vraiment perdu la face».

Interrogé hier par la Radio romande, le professeur Jean Ziegler a pris le contre-pied de Hans-Rudolf Merz. Connaissant bien la Libye et son président, proche des efforts de Micheline Calmy-Rey dans cette affaire, il affirme que la Suisse était à deux doigts de conclure un accord avec la Libye, qui aurait été obtenu sans que des excuses soient présentées et avec le retour immédiat des otages.

Selon l'ancien chargé de mission de l'ONU, Hans-Rudolf Merz a démoli en un jour tout ce qui avait préparé par sa collègue des Affaires étrangères et qui était sur le point d'aboutir. En particulier, voyant qu'il ne pouvait rencontrer le colonel Kadhafi comme prévu, le président de la Confédération aurait dû repartir immédiatement. En Libye, rien ne se fait en-dehors du chef de l'Etat. /FNU

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