On la croirait sortie d’un film de science-fiction. La DFAB House pour «digital fabrication house» (maison en fabrication numérique) est l’une des premières au monde entièrement dessinée, planifiée et construite par des robots et des imprimantes 3D. Cette prouesse a été réalisée par les équipes de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) avec des partenaires industriels sur le site du NEST à Dübendorf (ZH).
Ce dernier est un bâtiment expérimental de l’Empa, le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche, servant à tester les innovations dans le domaine de la construction et de l’énergie. «Le potentiel architectural des technologies numériques du bâtiment est immense. Malheureusement, elles sont encore peu utilisées sur les chantiers de construction», affirme Matthias Kohler, professeur à l’EPFZ en architecture et fabrication numérique.
Favoriser la durabilité
Le recours au numérique a non seulement facilité l’érection de l’édifice de trois étages pour 200 m2, mais garantit aussi sa durabilité. Des quantités importantes de matériau ont ainsi été économisées par rapport à une dalle de béton classique. Quoique les concepteurs nient en avoir fait un objectif en soi, la digitalisation des processus permet aussi des gains de temps et des économies considérables.
De quoi s’inquiéter de voir les machines menacer les emplois dans la construction? «On ne devrait pas idéaliser le travail sur les chantiers, avertit Benjamin Dillenburger, professeur à l’EPFZ et spécialiste de l’impression 3D, dans le média en ligne Quartz. [Cela] fait vraiment sens d’avoir ce genre de collaboration où les robots et l’homme travaillent ensemble.»
Pour le moment, le coût de fabrication reste encore élevé – 2,4 millions de francs ont été investis dans le projet. Ce montant devrait baisser à mesure que ces nouvelles techniques de construction atteindront le marché. Ce qui est déjà le cas du robot qui a construit les murs courbes en béton.
Habitat intelligent
Mais, l’usage de technologies ne s’arrête pas à la construction de la maison. Celle-ci est totalement connectée avec protections anti-effraction et anti-éblouissement intelligentes ou appareils ménagers en réseau. Mais, une fois de plus, l’accent a été mis sur l’écologie avec une gestion optimale de l’énergie.
Des modules photovoltaïques sur le toit fournissent en moyenne une fois et demie plus d’électricité que la maison en consommera. Un système gère les consommations et veille à ce qu’il n’y ait pas de pics de charge.
La chaleur des eaux usées est récupérée directement dans les bacs de douche. Par ailleurs, l’eau chaude s’écoule des tuyaux vers la chaudière lorsqu’elle n’est pas utilisée au lieu de refroidir dans les tuyaux. Autant d’éléments que des résidents, invités académiques de l’Empa notamment pourront tester en conditions réelles.