La Société pour les peuples menacés (SPM) et les organisations roms suisses ont porté plainte contre Nathan Güntensperger, élu vert'libéral au Grand Conseil bernois et au Conseil de ville de Bienne. Elles l'accusent de violation de la norme pénale contre le racisme pour des déclarations sur les Roms.
Dans une lettre de lecteur au quotidien Bieler Tagblatt datée du 6 septembre, le politicien a donné libre cours à sa mauvaise humeur contre les gens du voyage de nationalité étrangère. Ce faisant, il a clairement violé la norme pénale contre le racisme, à savoir l'article 261, estiment les organisations plaignantes dans un communiqué diffusé mercredi.
Selon elles, l'élu liste les expériences négatives qu'il a vécues avec quelques groupes de gens du voyage roms et suggère que tous les Roms se comportent ainsi. D"après M. Güntensperger, les Roms "ne sont pas des gens 'normaux' comme vous et moi". Selon les organisations plaignantes, cette affirmation dévalorisante et à l'emporte-pièce viole clairement la norme pénale contre le racisme.
Le parlementaire contrevient, à leurs yeux, à plusieurs dispositions de l'article 261 bis: l'interdiction de toute discrimination portant atteinte à la dignité humaine, l'interdiction de la propagation "d'idéologies" racistes et l'interdiction de toute "incitation à la haine et à la discrimination".
Augmentation des cas
La SPM et les organisations des Roms suisses ont constaté une nette augmentation des déclarations discriminatoires de politiciens suisses envers les Roms au cours de ces derniers trois mois, écrivent-elles. "Un peu partout, on fait des Roms des boucs émissaires; même en Suisse", affirme Kemal Sadulov, de l'organisation Romano Dialog, cité dans le communiqué.
La SPM et les autres organisations réclament à la Confédération un engagement renforcé contre le racisme à l"encontre des Roms: "Nous exigeons de la politique et de l'administration que les déclarations racistes contre les Roms soient jugées de la même façon que le sont, à juste titre, les déclarations racistes à l'encontre des autres minorités en Suisse", explique Stéphane Laederich, de la Roma Foundation.
La Commission fédérale contre le racisme elle-même ne s'est toujours pas exprimée publiquement au sujet des cas les plus récents, déplorent encore les organisations de défense des Roms. On estime que 80'000 à 100'000 d'entre eux vivent en Suisse. Ils sont bien intégrés, tout en ayant leur propre culture et en parlant leur propre langue. La plupart d'entre eux sont sédentaires.