Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Genève: le Ministère public veut poursuivre le Conseiller d'Etat Pierre Maudet pour son voyage à Abou Dhabi

Le président du Conseil d'Etat genevois Pierre Maudet (PLR) pourrait être traduit en justice dans l'affaire du voyage à Abou Dhabi qui lui a été offert en novembre 2015. Le Ministère public a déposé jeudi une demande auprès du Grand Conseil.

30 août 2018, 15:22
Si le Grand conseil genevois donne son accord, Pierre Maudet devra faire face à la justice (archives).

A Genève, le Ministère public a annoncé jeudi vouloir poursuivre le président du Conseil d'Etat Pierre Maudet pour avoir accepté un avantage lors de son voyage à Abu Dhabi, en 2015. Le Grand Conseil devra donner son feu vert.

"Le conseiller d'Etat, sa famille et son chef de cabinet ont été formellement invités à Abu Dhabi par le Cheik Mohamed Bin Zayed Al Nahyan, prince héritier de l'émirat, pour assister à un grand prix de formule 1", écrit jeudi le Ministère public dans un communiqué. Jusqu'à présent, Pierre Maudet a toujours affirmé qu'il s'agissait d'un voyage privé, payé par l'ami d'un ami.

Dissimulation volontaire

Or d'autres éléments de preuve semblent indiquer que le prince héritier a payé leurs vols en classe affaires et leur hébergement pour un total de plusieurs milliers de francs. "Le dénommé Saïd Bustany n'a joué aucun rôle dans le financement de ce voyage, sa mention aurait été décidée par les intéressés en 2018, dans le but de dissimuler la véritable source de financement", selon le Parquet.

Enfin, le Ministère public suspecte que ce voyage a été mis sur pied par des personnes et sociétés actives dans l'immobilier à Genève et qui sont en contact régulier avec Pierre Maudet et son chef de cabinet. A noter que ce dernier a quitté ses fonctions fin juin. Tous ces éléments "diffèrent très sensiblement des informations données" par les deux hommes, précise le communiqué.

Instruction ouverte

La justice a été saisie en août 2017 d'un rapport de police sur ce voyage. Elle a alors ouvert une procédure contre inconnu qui a été confiée au premier procureur Stéphane Grodecki, sous la direction du procureur général Olivier Jornot et du premier procureur Yves Bertossa. Jusqu'à présent, le conseiller d'Etat Pierre Maudet et son chef de cabinet avaient le statut de personnes appelées à donner des renseignements.

Mais jeudi, le Ministère public a décidé d'ouvrir une instruction contre l'ex-chef de cabinet, entendu le même jour. Le Parquet veut aussi entendre M. Maudet "en qualité de prévenu d'acceptation d'un avantage". Le Grand Conseil devra donner son autorisation, faute de quoi la justice ne pourra pas poursuivre le conseiller d'Etat pour des infractions commises dans l'exercice de ses fonctions.

Collaboration souhaitée

Le communiqué du Ministère public est tombé alors que le Grand Conseil genevois entamait son débat sur la prison des Dardelles, un dossier mené par Pierre Maudet. Sollicité par les médias, le conseiller d’Etat a fait savoir qu’il ne souhaitait pas faire de commentaires sur la décision du Ministère public.

Son collègue Mauro Poggia s'est dit "consterné" par la nouvelle: "C'est toute l'équipe qui en pâtit." Entré au Conseil d'Etat à la faveur d'une élection complémentaire en juin 2012, M. Maudet, 40 ans, a été réélu au premier tour de l'élection au gouvernement en avril. Doyen en fonction, l'élu PLR en a pris la présidence en juin. En septembre, il ambitionnait de se faire élire au Conseil fédéral.

"Pierre Maudet souhaite pouvoir collaborer pleinement à l'établissement de l'entier des faits que vous instruisez", a écrit jeudi après-midi au Ministère public son avocat, Grégoire Mangeat, dans une lettre transmise aux médias. Le président du Conseil d'Etat demande à être entendu rapidement.

Vers une levée d'immunité

Dans cette lettre, Pierre Maudet consent aussi à ce que son immunité soit levée. Réuni jeudi soir en séance extraordinaire, "le Conseil d'Etat a pris acte du souhait de M. Maudet d'être levé de l'immunité, ce de manière rapide", indique-t-il en fin de soirée dans un communiqué. Etant donné les échéances à venir, le gouvernement "n'entend pas prendre de décision précipitée".

La commission législative devra examiner la demande du Ministère public, puis le Grand Conseil se prononcera à huis clos, vraisemblablement lors de la séance du 20 et 21 septembre. Jeudi interrogés à chaud sur cette affaire, tous les partis semblaient vouloir lever cette immunité.

Le PLR, le parti de Pierre Maudet, qui a tardé à communiquer est aussi en faveur d'une levée d'immunité. En fin de soirée, il a rappelé que son magistrat avait droit à la présomption d'innocence. Il invite la commission législative à siéger au plus vite et demandera la convocation d’une session extraordinaire du Grand Conseil pour la décision de levée de l’immunité.

Lundi, la commission de contrôle de gestion du Parlement a créé une sous-commission pour examiner la façon dont l'Etat de Genève doit fonctionner et être organisé pendant la durée des investigations du Parquet. Une résolution demande que la présidence du Département de la sécurité et que la responsabilité de Genève Aéroport soient retirées à M. Maudet tant que la justice travaille sur cette affaire.

A lire aussi : Genève: le voyage de Maudet à Abou Dhabi payé par un entrepreneur libanais

Or d'autres éléments de preuve semblent indiquer que le prince héritier a payé leurs vols en classe affaires et leur hébergement pour un total de plusieurs milliers de francs. "Le dénommé Saïd Bustany n'a joué aucun rôle dans le financement de ce voyage, sa mention aurait été décidée par les intéressés en 2018, dans le but de dissimuler la véritable source de financement", selon le Parquet.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias