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Genève: le difficile examen de la dangerosité des détenus

Le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet a évoqué le difficile exercice de l'examen de la dangerosité des détenues. Dans le canton de Genève, cette prérogative revient au politique.

12 sept. 2014, 11:01
Le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet quitte le chantier de la Brenaz +100 a l'issue de la ceremonie de pose de la premiere pierre de l'etablissement penitentiaire Brenaz +100, vers la prison de Champ-Dollon, ce mardi 26 aout 2014 a Puplinge vers Geneve. (KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi)

Un an après le meurtre d'Adeline par un violeur récidiviste lors d'une sortie, le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet évoque le difficile exercice de l'examen de la dangerosité des détenus. Genève est le seul canton où cette prérogative revient au politique. Une pratique qui pourrait toutefois être modifiée.

"Très franchement, c'est la partie la plus difficile de mon activité de conseiller d'Etat", déclare Pierre Maudet dans un entretien publié vendredi dans "Le Temps". En tant que chef du département de la sécurité, il lui appartient de se prononcer sur la dangerosité de détenus ayant commis des crimes graves.

"C'est un exercice qui fait appel à l'intime conviction, au bon sens et aux valeurs, tout en sachant que les décisions vont peser sur des êtres humains et générer des frustrations qui pourront elles-mêmes créer d'autres risques", explique M.Maudet. Il reçoit en moyenne deux à trois dossiers par semaine concernant essentiellement des demandes de congé, de sortie ou de passage en travail externe.

Selon le conseiller d'Etat, "il n'y a pas de protocole défini". "Dans un quart des cas, j'ai dit oui à des sorties et des congés avec des clauses précises", ajoute M.Maudet. Le chef du département ne rencontre pas le détenu avant de trancher afin de ne pas tomber dans l'empathie ou d'entrer dans la logique du juge.

Réflexion en cours

Le conseiller d'Etat saisit encore systématiquement la commission d'évaluation de la dangerosité. Il lit également le jugement du tribunal "qui détaille des actes parfois terribles". La pesée d'intérêts est donc un exercice délicat.

"Pour ma part, je ne revendique pas cette prérogative, pour laquelle je n'ai pas de compétence particulière et qui a le défaut d'être particulièrement chronophage et source de tensions", explique M.Maudet. Il précise toutefois qu'"une réflexion est en cours pour déterminer quel serait le meilleur mécanisme à mettre en place et si le politique doit encore être sollicité".

Pas de registre national

Le drame d'Adeline avait mis en lumière la problématique de l'examen de la dangerosité des détenus. Il avait également été question dans les semaines qui ont suivi de créer un registre national des détenus dangereux.

"Après des discussions approfondies, la commission permanente de la Conférence cantonale des directeurs de justice et police (CCDJP) a rejeté la proposition d'un tel registre", indique vendredi son président Hans-Jürg Käser dans "Le Matin". "Le risque de la mise en place d'un tel outil est que les décisions reposent sur une base de données", explique M.Käser.

Or, selon lui, la dangerosité d'un détenu n'est pas une donnée immuable. Elle doit être évaluée en continu par des spécialistes. Le Conseil fédéral avait également rejeté la création d'un registre national qui avait été réclamée par certains après la mort d'Adeline. Le gouvernement avait notamment souligné la difficulté à fixer des critères pour qualifier une personne de dangereuse.

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