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Espionnage de la CIA via Crypto: la Délégation des commissions de gestion ouvre une enquête

La Délégation des commissions de gestion du Parlement va investiguer sur l’affaire d’espionnage de la CIA via l’entreprise zougoise Crypto. Les premières auditions auront lieu ce mois-ci et une enquête va être ouverte.

13 févr. 2020, 14:37
Des appareils de chiffrement manipulés de l'entreprise zougoise Crypto auraient permis d'espionner des services secrets étrangers pendant plusieurs dizaines années. La Délégation des commissions de gestion veut faire la lumière sur cette affaire (image symbolique).

La Délégation des commissions de gestion du Parlement va ouvrir une enquête sur l’affaire d’espionnage liée à l’entreprise zougoise Crypto. Elle veut avant tout savoir ce que les autorités suisses savaient.

Les premières auditions auront lieu dès ce mois-ci, a précisé jeudi à la presse le président de la délégation Alfred Heer (UDC/ZH). L’enquête est liée à la collaboration entre Crypto et les services secrets étrangers.
 


La délégation ne met pas en doute le fait que des services secrets étrangers ont espionné des pays tiers durant des années grâce à Crypto. Les différentes réactions des Etats mis en cause confirment cet état de fait.

A lire aussi : Espionnage de la CIA: les partis suisses veulent des explications

Le Conseil fédéral a fait mercredi un bref état de la situation, avait annoncé son porte-parole André Simonazzi. Le Département de la défense (DDPS) a informé le gouvernement sur l’affaire le 5 novembre 2019.

Les faits en question ont débuté en 1945 et sont aujourd’hui difficiles à établir et à interpréter. Pour cette raison, le Conseil fédéral a chargé le 15 janvier Niklaus Oberholzer de tirer les choses au clair. Ce dernier doit rendre son rapport d’ici la fin juin.

Liens entre services

L’enquête visera surtout à faire la lumière sur les liens entre les services fédéraux et les services secrets étrangers impliqués dans cette affaire, c’est-à-dire «qui savait quoi en Suisse». Un autre point fort consistera à clarifier si et dans quelle mesure le Conseil fédéral avait connaissance des faits au sujet de l’entreprise Crypto.

 

 

La délégation souhaite coordonner étroitement son travail avec celui de M. Oberholzer. Elle demandera au gouvernement de veiller à ce que M. Oberholzer ait intégralement accès à toutes les archives. Mais la délégation fera valoir son droit d’auditionner prioritairement des personnes étant ou ayant été au service de la Confédération.

La délégation n’a pas voulu dire qui elle allait inviter. Selon son président, elle pourrait aussi convoquer d’anciens conseillers fédéraux. Le nom du radical Kaspar Villiger est apparu dans le matériel des services secrets. Il a toutefois nié dans divers médias avoir été au courant de l’espionnage mené via Crypto.

Discussion vendredi

Le groupe parlementaire PS a déposé une initiative en faveur d’une Commission d’enquête parlementaire (CEP). Le bureau du Conseil national s’y attellera vendredi. S’il soutient le texte, son homologue du Conseil des Etats devra encore se prononcer.

En cas de double «oui», un projet sera élaboré. Le Conseil fédéral devra donner son avis avant que le Parlement ne se prononce. Lorsqu’une CEP est mise en place, les autres commissions ne peuvent pas enquêter sur le même sujet. La délégation des commissions de gestion devra donc mettre un terme à son examen.

Les relations entre la Suisse et les services secrets américains ont déjà fait parler d’elles en 2013 dans le sillage des révélations d’Edward Snowden. Le ministre de la défense d’alors, Ueli Maurer, avait assuré aux médias: «Nous n’avons pas de contact avec la NSA et n’échangeons pas de données avec elle.» La délégation des commissions de gestion avait alors demandé des documents au service de renseignement.

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