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École: les profs romands veulent rendre obligatoire la 2e langue nationale dès la primaire

Le débat sur l'apprentissage des langues nationales se poursuit. Lundi, le syndicat des enseignants romands a exposé son point de vue.

03 oct. 2016, 11:06
Les profs romands demande à ce que la seconde langue nationale débute obligatoirement à l'école primaire et se poursuit jusqu'à la fin de l'école obligatoire.

L'enseignement d'une deuxième langue nationale devrait débuter à l'école primaire et durer jusqu'à la fin de l'école obligatoire. Selon les enseignants, cette solution, mise en consultation par le Conseil fédéral, garantirait la cohésion nationale.

Il faut renforcer l'enseignement des langues nationales "afin de favoriser la connaissance de la culture des différentes régions linguistiques de Suisse", indiquent lundi le syndicat des enseignants romands (SER) et son pendant alémanique LCH dans une prise de position.

Il doit être clairement mentionné dans la loi sur les langues que l'enseignement de la seconde langue nationale débute à l'école primaire et se poursuit jusqu'à la fin de l'école obligatoire, écrivent les deux faîtières. C'est de cette façon que les exigences de fin de cycle seront atteintes.

Retard de quatre ans

Autrement, certains élèves seraient en décalage par rapport à d'autres. Selon les enseignants, ils pourraient alors avoir un retard allant jusqu'à quatre années scolaires. Et les coûts des leçons de rattrapage s'élèveraient à près de 9 millions si un enfant devait par exemple déménager d'un canton à un autre, estiment-ils.

Le Conseil fédéral a mis en consultation jusqu'au 14 octobre trois pistes pour assurer l'enseignement d'une deuxième langue nationale dès le degré primaire partout en Suisse. Il préfère toutefois ne pas devoir intervenir et laisser la plus grande marge de manœuvre aux cantons dans les limites de la constitution.

Une solution saluée par les enseignants qui ne sont pas convaincus par les deux autres variantes. La première reprend une initiative parlementaire de la Commission de l'éducation du Conseil national. Elle se limite à l'école primaire et prévoit que l'enseignement de la deuxième langue nationale débute au plus tard en 5e primaire (soit la 7e année HarmoS).

La deuxième variante inscrit la solution du concordat dans la loi. L'enseignement de la première langue étrangère devrait commencer au plus tard en 3e année (5e HarmoS) et celui de la deuxième langue étrangère au plus tard en 5e année (7e HarmoS). L'une de ces deux langues devrait être une deuxième langue nationale et l'autre l'anglais.

Loi pas nécessaire

Or d'après les enseignants, introduire la langue de Shakespeare dans le cadre d'une loi fédérale n'est pas nécessaire. Avec la stratégie des langues 2004, les cantons ont approuvé une solution d'harmonisation qui a été reprise dans le concordat HarmoS, rappellent-ils.

Contraignante pour tous les cantons, elle prévoit que les élèves commencent à apprendre une première langue étrangère en 3e primaire au plus tard et une deuxième en cinquième. Au moins l'une des deux doit être une langue nationale.

Alors qu'aucun canton romand ne conteste ce modèle, il est fortement remis en cause outre-Sarine. Invoquant des arguments pédagogiques comme la surcharge des élèves, l'inefficacité de l'enseignement précoce ou le manque de ressources, les cantons alémaniques veulent se limiter à une seule langue étrangère, soit l'anglais en primaire.

Le gouvernement thurgovien a mis en avril en consultation son nouveau plan d'étude qui prévoit de supprimer le français dès l'été 2017. Des initiatives allant dans le même sens sont en suspens dans les cantons de Zurich, Lucerne, des Grisons et de Saint-Gall. A Glaris, le français n'est plus qu'une branche facultative pour une partie des élèves dès la 7e année.

Les directeurs cantonaux de l'instruction publique craignent de leur côté que cela se transforme en épreuve de force nationale et l'ont écrit fin juin au ministre de la culture Alain Berset. Le gouvernement estime en avoir tenu compte en lançant une consultation et en proposant plusieurs variantes d'intervention éventuelle.

Intervention politique

Selon le gouvernement, une discussion devra de toute façon être menée. Il vaut mieux qu'elle soit tranchée par la politique que par les tribunaux, avait relevé Alain Berset en juillet lorsqu'il a lancé la procédure de consultation.

Le Conseil fédéral analysera les résultats avec les directeurs cantonaux de l'instruction publique avant de trancher sur son intervention éventuelle. Mais le gouvernement n'exclut pas d'intervenir sur le dossier des langues enseignées à l'école.

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