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Du sirop au goût de cassis

Berne a autorisé la vente en Suisse de six produits alimentaires européens relevant du principe du cassis de Dijon. L'effet sur les prix reste à démontrer.

28 août 2010, 11:57

Tous à vos loupes! A l'avenir, il faudra scruter encore plus minutieusement qu'aujourd'hui la liste des ingrédients entrant dans la composition des produits alimentaires vendus chez les détaillants helvétiques. L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) vient de délivrer les premières autorisations permettant de commercialiser des produits européens non conformes aux prescriptions suisses. Cela ne concerne que six produits pour l'instant, allant du sirop au fromage râpé, mais le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) est persuadé que les demandes vont augmenter. «Les importateurs se sont contentés dans un premier temps de tester la procédure», estime Heinz Hertig, chef de la section des mesures non tarifaires au Seco.

Les prochains mois seront décisifs. La conseillère fédérale Doris Leuthard avait évoqué des économies pour les consommateurs pouvant aller jusqu'à deux milliards de francs par an. Pour l'heure il faut patienter. La baisse des prix due à la suppression des entraves techniques au commerce, plus communément appelée «cassis de Dijon», ne sera pas perceptible avant plusieurs mois. Et encore faudra-t-il être en mesure de distinguer entre la baisse due aux fluctuations de l'euro et celle due aux allégements réglementaires entrés en vigueur le 1er juillet.

Depuis cette date, tout produit fabriqué et commercialisé légalement au sein de l'Union européenne ou de l'Espace économique européen peut être vendu en Suisse sans contrôle supplémentaire. Le parlement a prévu une exception pour les denrées alimentaires. Pour des raisons de santé publique, elles doivent recevoir une autorisation de l'OFSP.

A ce jour 43 demandes ont été déposées: 24 sont en suspens, six ont été agréées et 13 ont été rejetées car elles ne relèvent pas du cassis de Dijon. «Il s'agit de compléments alimentaires qui sont soumis à une autre procédure», explique Judith Deflorin de l'OFSP. Par contre, il sera possible dès mardi prochain de vendre en Suisse du sirop de fruits français qui contient seulement 10% de fruits (la norme suisse est de 30%), de la limonade italienne contenant de la taurine (la Suisse ne l'autorise que pour les boissons contenant de la caféine), du jambon autrichien dont la proportion d'eau et de blanc d'œuf diffère de celle du jambon produit en Suisse, du fromage râpé allemand qui contient de l'amidon à titre d'anticoagulant et du cidre danois contenant 85% d'eau (contre un maximum de 30% en Suisse). Par ailleurs, le fromage allégé français pourra porter la mention «0%» au lieu de l'inscription «sans graisses».

A l'avenir, les producteurs suisses auront eux aussi la possibilité d'appliquer ces normes, mais Berne s'attend surtout à une plus grande différenciation des produits et des niveaux de qualité. «Les consommateurs devront se montrer attentifs», souligne Heinz Hertig.

En ce qui concerne les produits non alimentaires, il est difficile de quantifier l'intérêt des importateurs puisqu'il n'y a pas de procédure d'autorisation. «Nous recevons des demandes de renseignement», se borne à indiquer Heinz Hertig. Il reconnaît que son service n'est pas débordé. Au cours du printemps, le Seco a comparé les prix de 150 produits alimentaires et non alimentaires en Suisse et dans quatre pays européens. L'exercice sera renouvelé l'an prochain. Il sera alors possible de tirer un premier bilan L'introduction du cassis de Dijon avait été combattue par l'UDC, les Verts et l'extrême gauche qui redoutaient une concurrence déloyale et une réduction des standards de qualité. /CIM

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