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Drôles de vacances des F/A-18

Une cinquantaine de pilotes s'entraînent jusqu'à la fin du mois dans le Nord de l'Allemagne où ils peuvent faire tout ce qu'ils n'osent pas en Suisse. Reportage.

19 août 2009, 15:54

Agauche, un parc d'éoliennes et des champs. A droite, des casernes et des hangars, la plupart en tenue de camouflage. Au centre, une piste de décollage. Et à vingt kilomètres, la mer du Nord.

Ce décor de rêve, c'est à Wittmund, en Allemagne, que les pilotes suisses de F/A-18 le trouvent. Pendant plus d'un mois, du 20 juillet au 28 août, ils y font des exercices qui feraient hurler le brave citoyen helvétique qui aime bêcher son jardin au son des oiseaux, des vrais. Exercices de tirs sur une zone grande comme le canton de Valais, combats aériens avec la Luftwaffe et vols à basse altitude dans un secteur aussi vaste que la Suisse: pendant plus d'un mois, une cinquantaine de pilotes et une centaine de membres du personnel au sol enchaînent briefings, décollages, atterrissages et débriefings. Les équipes se rendent à Wittmund à tour de rôle afin de maintenir une base opérationnelle en Suisse.

Rien d'anormal à cette désertion partielle. Les exercices militaires à l'étranger, s'ils font l'objet de constantes empoignades entre politiciens, ne sont guère remis en question lorsqu'il s'agit des Forces aériennes. Qui voudrait plus de nuisances sonores en Suisse? Les campagnes à l'étranger sont ainsi régulièrement organisées en fonction des besoins d'entraînement des Helvètes et des disponibilités sur les bases d'accueil.

Ainsi, en novembre, direction la Norvège où est pratiqué le vol de nuit, possible au-dessus de Payerne, Sion ou Meiringen une fois par semaine seulement, entre octobre et mars, sauf mission particulière ou alerte. «Sans cette campagne, nos pilotes auraient de la peine à effectuer toutes les heures de vol exigées pour qu'ils conservent le minimum des standards internationaux», explique Laurent Savary, porte-parole des Forces aériennes suisses. Il y a peu, les Forces aériennes étaient également en Corse. Et pendant ce temps en Suisse, les estivants se gavent du seul bruit de la route alors que les infrastructures des aérodromes sont passées au plumeau.

L'idée de ces déplacements est également d'apprendre à travailler avec les pays voisins car tous sont amenés à coopérer lors de grands événements, comme le G8 à Evian, l'Euro 2008 en Suisse et en Autriche ou encore le sommet de l'Otan à Strasbourg. Sans parler des tâches courantes de police aérienne dans les régions frontalières.

Retour à Wittmund, où les huit avions de combat F/A-18 sont bichonnés par le personnel au sol avant de pouvoir décoller. Entre 8 heures et 18 heures, ils partiront entre trois et quatre fois. Soit un maximum d'engagements dans un temps limité, ce qui met pilotes et personnel au sol sous pression. «Il faut jongler car en plus, nous ne sommes venus qu'avec un matériel limité et les vols en basse altitude, qui plus est au-dessus de la mer, requièrent plus d'interventions, notamment sur les commandes de vol. Notre rythme est beaucoup plus intense ici», explique Michel Cusin, engagé sur la base de Payerne.

A Wittmund, pas de gros problèmes de bruit signalés. La base enregistre entre 16 000 et 18 000 mouvements par année, ce qui est à peine moins que sur l'ensemble de la Suisse. L'utilisation de la base de Wittmund pendant plusieurs semaines repose sur un «memorandum of understanding» conclu entre le Conseil fédéral et le Ministère allemand de la défense. Entre gens de bonne compagnie, on ne parle pas d'argent - la Suisse paie le kérosène qu'elle utilise à Wittmund - mais d'échanges de bons procédés. En contrepartie, un hélicoptère allemand et deux pilotes sont par exemple stationnés à l'année à Alpnach, dans le canton d'Obwald, ce qui permet à nos voisins de s'exercer au vol en haute-montagne. Pas toujours avec bonheur. Le 28 novembre 2008, l'appareil en question a connu des problèmes dans la région du Titlis. Les six personnes à bord s'en sont sortis indemnes alors que l'appareil a été complètement détruit. Ses derniers débris ont d'ailleurs récupérés le 26 juin. /MAG

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