Neuchâtel, le Jura et quatorze autres cantons enregistrent des chiffres rouges, pour un montant global de 1,55 milliard de francs, selon une enquête de l'Agence télégraphique suisse. Neuf affichent un budget bénéficiaire, pour une somme totale de 255,6 millions, alors que celui d'Argovie est équilibré.
Malgré cette dégradation par rapport aux deux dernières années, de nombreux cantons n'ont pas renoncé aux investissements et les ont même augmentés, afin de contrer précisément les effets de la crise.
Pour les finances cantonales, on se trouve à un tournant, explique un expert en finances publiques. La crise, après avoir touché le secteur financier, puis l'économie réelle, puis le marché du travail, affecte dans une quatrième phase les finances publiques.
Une analyse partagée par Christian Wanner, président de la Conférence des directeurs cantonaux des finances. En 2011 et 2012, la situation sera encore bien plus difficile et elle restera critique durant plusieurs années, avertit-il. D'autant plus que dès 2012, la nouvelle législation sur le financement des hôpitaux et des soins entraînera des reports de charges sur certains cantons.
Zurich et Genève lourdement frappés
Pour 2010, les deux cantons qui affichent les chiffres les plus rouges sont Zurich, avec un excédent de dépenses de 685 millions de francs, et Genève avec 365 millions.
Frappé de plein fouet par la crise, notamment sur sa place financière, Zurich souffre de recettes fiscales en chute libre (-550 millions). Le déficit annuel devrait même atteindre un milliard par année durant les trois années suivantes.
A Genève, les recettes fiscales devraient diminuer de 345,3 millions (-5,8%) en 2010. Malgré le déficit prévu de 365 millions, le canton a projeté des investissements record de 915 millions de francs pour lutter contre les effets de la crise économique.
L'effet de la crise dépend de la structure des recettes d'un canton, précise l'expert. Ainsi Zurich et Genève sont-ils particulièrement touchés, car ils sont très dépendants des recettes fiscales provenant des entreprises.
Outre Genève, deux autres cantons romands figurent parmi ceux qui prévoient un déficit. A Neuchâtel, le trou atteint 34,3 millions. Le Jura, pour sa part, annonce un déficit de 4,2 millions.
Berne le bon élève
Dans le camp des cantons bénéficiaires, Berne décroche la palme avec un excédent de recettes prévu de 124 millions de francs, malgré des rentrées fiscales en baisse de 320 millions par rapport au budget 2009. Pour compenser ce manque à gagner, le canton a prévu des coupes budgétaires dans tous les secteurs.
Le Valais, meilleur élève en Suisse romande, présente pour sa part un excédent de recettes de 47,4 millions et un niveau record d'investissements, à hauteur de près de 220 millions.
Endettement à Neuchâtel
Le canton de Vaud s'en tire aussi plutôt bien et semble moins touché par la crise que certains autres. Son budget présente un solde positif de 11 millions de francs. Fribourg résiste aussi bien, avec un léger bénéfice de 870'000 francs.
Selon l'expert interrogé, certains cantons présentent une tendance à un déficit structurel qui n'est pas encore résolue, comme Zurich ou Neuchâtel, alors que d'autres peuvent se targuer d'une situation saine, à l'image de Fribourg, du Valais, de Thurgovie ou d'Uri.
Sur le plan de l'endettement, les cantons qui présentent la situation la plus problématique sont, dans l'ordre, Genève, Bâle- Ville, Neuchâtel, Berne et Vaud, relève l'expert en finances publiques. /ats