En choisissant le thème de l'immigration pour entrer en campagne, le PLR prend directement pied sur le terrain de l'UDC. Un défi qu'il se lance sciemment, avec la volonté affichée d'aborder le sujet avec «pragmatisme», c'est-à-dire sans populisme, sans attaques idéologiques, en privilégiant les «constats». Point fort: les «erreurs passées» qui ont entraîné une forte immigration au titre du regroupement familial.
Il faut aujourd'hui corriger le tir, estime le PLR. En cela, il est en phase avec la conseillère fédérale (socialiste) Simonetta Sommaruga, en charge du dossier migratoire. En phase aussi avec l'ensemble des pays européens, qui peinent à gérer leur immigration face à des réactions populaires parfois violentes. Un phénomène qui s'accompagne d'une poussée de l'extrême droite, jusqu'en Suède et en Norvège.
La démarche du PLR apparaît néanmoins incomplète. Refuser les caricatures de l'UDC est évidemment louable, mais le récent ratage du contre-projet à l'initiative sur le renvoi des délinquants étrangers montre que l'électorat préfère - selon l'expression désormais consacrée - «l'original à la copie». Si le PLR assume ce risque tactique, il aurait alors pu compléter son propos dans un autre sens. A voir l'énorme pression migratoire, notamment d'Afrique, et les risques mortels que des centaines de milliers de gens prennent pour passer en Europe, on se dit qu'il faudrait peut-être préparer l'opinion aux grands bouleversements qui s'annoncent. Or les propositions «administratives» du PLR donnent le sentiment que le phénomène migratoire commence à nos frontières.
