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De vrais branques pour des faux Braque

15 juin 2011, 11:24

Le procès d'un vaste trafic de faux tableaux s'est ouvert hier devant le Tribunal correctionnel de Lausanne. L'affaire porte sur la mise sur le marché de près de 120 œuvres sous la signature de Bosshard, Braque, Kees Van Dongen, Vallet ou encore Pissaro.

La Cour s'est penchée sur le premier volet de la supercherie, le vol d'un Giovanni Giacometti chez une dame âgée fin 2006. Prétextant récupérer une perruche sur le balcon, un couple s'est introduit au domicile de la Lausannoise et y a remplacé le vrai tableau par un faux. Mais la retraitée s'est aperçue du vol et a alerté la police, qui a remonté la filière et découvert l'entier du trafic. Cette affaire rocambolesque a conduit à une audience haute en couleur. Les accusés parlent beaucoup, se contredisent, s'interpellent et s'invectivent sous le regard amusé du président: «C'est un manipulateur», accuse l'un. «Il m'a mis deux fois le couteau sous la gorge, c'est un mec menaçant», réplique l'autre.

Sur les sept accusés, quatre se retrouvent au cœur du trafic: un beau parleur aux cheveux longs, grand connaisseur d'art de 55 ans et ancien expert du peintre vaudois Rodolphe-Théophile Bosshard. Deux «chineurs», des revendeurs âgés de 51 et 62 ans, et un antiquaire, plutôt effacé à l'audience, qui peignait les faux.

«Il n'a jamais été question de voler ce tableau», assure l'amateur d'art. L'objectif était de convaincre la retraitée de le vendre en lui proposant une copie à la place pour orner son mur. «J'avais dit au peintre: applique-toi pas trop. Fais une croûte. 90% des gens préfèrent les croûtes», raconte-t-il. Une version contredite par un des revendeurs: «Il voulait faire un coup. Il n'avait plus un rond. Je lui avais dit de laisser tomber», soutient-il. «Vous n'avez pas participé au vol», lui demande le président Patrick Stoudmann. «Si je voulais le voler, je n'aurai pas eu besoin de ces branques», a-t-il répondu.

A l'audience, une partie de la bande semble s'être entendue pour charger l'un des accusés, l'expert déchu des œuvres de Bosshard. «Les vols, les mensonges, cela se prépare. Quand c'est mal fait, cela ne marche pas», leur a lancé le président.

Le tribunal poursuivra aujourd'hui l'examen de ce volet de l'affaire puis se penchera sur le trafic de faux tableaux. Le procès est agendé sur deux semaines. / ATS

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