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Conseil des Etats: pas de nouveau mandat pour Géraldine Savary

Géraldine Savary ne sollicitera pas un nouveau mandat lors des élections fédérales 2019. Attaquée pour ses liens privilégiés avec le milliardaire Frederik Paulsen, la conseillère aux Etats socialiste vaudoise renonce aussi à la vice-présidence du PS en décembre.

06 nov. 2018, 14:07
Géraldine Savary ne se représente pas en 2019.

«La pression médiatique dont je fais l’objet a atteint ma santé. Je n’ai plus la force nécessaire pour mener de front mon mandat et une nouvelle campagne électorale qui s’annonce difficile», a-t-elle déclaré mardi devant la presse à Lausanne. «Je ne serais évidemment pas candidate à la vice-présidence du Conseil des Etats.»

Accompagnée du Vaudois Roger Nordmann, chef de groupe socialiste aux Chambres, la sénatrice, traits tirés et yeux gonflés, a reconnu des «erreurs d’appréciation» dans ses relations avec Frederik Paulsen, président de Ferring à Saint-Prex et consul honoraire de Russie dans le canton de Vaud.

«Image égratignée»

«Je suis consciente que les déplacements que j’ai faits en Sibérie, à Grenade et la contribution de Frederik Paulsen aux campagnes Savary-Recordon interpellent dans ma famille politique et ailleurs. Cela égratigne mon image et celle de mon parti,», a-t-elle poursuivi. La conseillère aux Etats, qui fêtera bientôt ses 50 ans, a dit «assumer ses erreurs et en prendre la responsabilité.»

«Je suis une femme d’engagement, mais je ne suis pas prête à faire n’importe quoi pour ma carrière. Cela fait 15 ans que je siège à Berne, j’ai toujours eu conscience qu’il y avait une vie après le Parlement. Je n’imaginais pas que les choses se feraient de cette manière-là.»

Comptes transparents

«Pour faire la transparence complète», Géraldine Savary a annoncé que son comité de campagne Savary-Recordon avait reçu 7000 francs supplémentaires de Frederik Paulsen pour le 2e tour du Conseil des Etats en 2011. Elle a admis avoir omis d’en informer son parti, «une erreur de ma part.»

Cumulé avec le premier don de 8000 francs de Frederik Paulsen, cela signifie que la limite a été dépassée de 2500 francs pour chaque candidat. Le PS n’accepte en effet pas de versement dépassant 5000 francs par candidat, ni de don d’entreprise.

A l’époque Frederik Paulsen n’était pas connu, a-t-elle relevé. Et le parti n’a, à aucun moment, souhaité vérifier ces comptes. Mme Savary a précisé que ces dons ne lui ont pas été versés personnellement, mais sur les comptes de comités de campagne. Ils n’ont rien coûté au contribuable. Au total, le comité a récolté 41 000 francs de dons cette année-là.

Des bosses communes

Interrogée sur ses liens avec le milliardaire, l’élue a raconté l’avoir rencontré en Sibérie. «C’est quelqu’un avec qui je ne partage pas grand-chose, en tout cas pas des convictions politiques. Mais on avait deux ou trois bosses communes. Une relation d’estime en est née.» «Les rencontres improbables font partie de la vie. Sa situation fiscale ne m’était pas connue ni 2011, ni en 2015. Je n’étais pas au courant qu’il était au forfait», a-t-elle expliqué.

La sénatrice a souligné que la pression dont elle a été l’objet l’a «atteinte personnellement et dans sa santé». «Je suis moins forte que ce que je pensais», a-t-elle relevé, estimant que les médias avaient franchi certaines limites.

Grande perte pour le PS

Tant Roger Nordmann que le PS Suisse considèrent que Mme Savary aura dû se représenter. «Géraldine Savary n’a enfreint aucune loi. Elle ne s’est pas enrichie. Sa décision montre son grand sens des responsabilités», a déclaré Roger Nordmann. «Mais son renoncement est une grande perte pour le PS».

Pour mémoire, la conseillère aux Etats est sous le feu des critiques jusque dans son propre parti à la suite à des révélations sur le financement de ses campagnes 2011 et 2015 par Frederik Paulsen. Elle a aussi participé à des voyages en sa compagnie, en Sibérie et à Grenade. Ces déplacements ont fait l’objet d’une enquête préliminaire du Ministère public vaudois qui a classé le dossier.

Réactions des partis

Les Verts vaudois regrettent, mais comprennent que Géraldine Savary ait décidé de ne plus se représenter. Ils admettent qu'il faut instaurer une transparence totale en matière de financement politique.

Les campagnes médiatiques qui s'attaquent à la vie privée sont difficiles à supporter, souligne le PLR. Il estime que le fait que la sénatrice aurait dû demander une dérogation à son parti pour se représenter a dû jouer un rôle. Quant au PS, son comité directeur se réunit mardi soir. Il ne communiquera pas avant mercredi.

L'UDC Vaud estime que l'annonce de Géraldine Savary est le résultat "d'un règlement de comptes interne au Parti socialiste". Il faut une transparence du financement politique, mais que celle-ci reste interne à un parti. Il ne doit pas être divulgué sur la place publique, a poursuivi le président du parti Jacques Nicolet. Pour lui, cette défection affaiblit la liste PS pour les élections fédérales de 2019.

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