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Cinq raisons de dire non

Au nom du Conseil fédéral, Eveline Widmer-Schlumpf a répliqué hier aux initiants antiminarets par une leçon de droit et de principes.

16 oct. 2009, 04:15

Contrairement à son ancien parti, l'UDC, la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf s'oppose à l'initiative antiminarets soumise au vote le 29 novembre prochain. Elle l'a dit hier au nom du Conseil fédéral, accompagnée du conseiller d'Etat neuchâtelois Jean Studer et du président du Conseil suisse des religions Thomas Wipf. A eux trois, ils ont évoqué plusieurs raisons.

Principes fondamentaux

La liberté de religion et l'interdiction de la discrimination sont des principes inscrits dans la Constitution suisse, a rappelé Eveline Widmer-Schlumpf. La liberté religieuse comprend aussi le droit de manifester sa foi, soit de porter des vêtements et des symboles religieux, mais aussi de construire des édifices religieux. En interdisant les minarets, la Suisse discriminerait les musulmans pendant que les autres communautés pourraient continuer à construire des édifices dans le cadre du droit en vigueur.

Aux auteurs de l'initiative, qui disent que le minaret n'a rien à voir avec la religion, car le Coran n'en fait nulle part mention, la conseillère fédérale répond que nul n'aurait l'idée de contester le caractère religieux des clochers pour le simple motif que la Bible ne les mentionne pas explicitement.

Traités internationaux

L'interdiction des minarets est contraire à des conventions internationales qui lient la Suisse. La conseillère fédérale a cité la Convention européenne des droits de l'homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l'ONU.

Extrémisme

Eveline Widmer-Schlumpf rappelle que la Confédération et les cantons disposent de moyens légaux pour lutter contre les dérives fondamentalistes. Au niveau fédéral, il s'agit de la loi instituant des mesures visant au maintien de la sûreté intérieure (LMSI). Les cantons ont la possibilité de renvoyer les personnes étrangères qui ne respectent pas les lois et l'ordre social ou de leur refuser l'entrée sur le territoire, comme cela a été fait à différentes reprises avec des prédicateurs fondamentalistes.

Construction

Le conseiller d'Etat neuchâtelois Jean Studer a rappelé qu'en 1865, le chocolatier Philippe Suchard a érigé à Neuchâtel un minaret dans un but esthétique, minaret qui fait aujourd'hui partie des monuments protégés. Cette anecdote mise à part, il existe aujourd'hui quatre minarets en Suisse: à Genève, Zurich, Winterthour et Wangen bei Olten. Un cinquième projet est bloqué à Langenthal.

En cas de rejet de l'initiative, la construction de nouveaux minarets restera soumise à la législation actuelle sur l'aménagement du territoire et au droit cantonal et communal en matière de constructions, ainsi qu'au droit d'opposition qui vont avec.

Intégration

Le Conseil suisse des religions (CSR), qui regroupe les trois communautés juive, chrétienne et musulmane, a pris position en septembre contre l'initiative. Leur déclaration commune est une première dans l'histoire de cette organisation. Son président, le pasteur Thomas Wipf, plaide aussi pour la paix religieuse. Pour lui, des questions comme l'égalité entre hommes et femmes ou le respect de l'Etat de droit doivent être abordées. Il juge cependant que l'initiative est contre-productive car elle rompt le dialogue au lieu de le créer. Pour le CSR, l'intégration de la communauté musulmane requiert des mesures concrètes. /MAG

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