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Chasseurs et tireurs sportifs se trompent-ils de cible?

Les tireurs sportifs, les chasseurs et les collectionneurs tirent à boulet rouge contre l'initiative sur les armes. Pourtant, le projet tient compte de leurs intérêts. Tour d'horizon.

05 janv. 2011, 12:03

On peut être à la fois chasseur et partisan de l'initiative contre la violence des armes. Ce n'est cependant pas une position facile à assumer face à la Communauté d'intérêts Tir Suisse qui engage ses quelque 250 000 membres à rejeter le texte soumis au peuple le 13 février prochain.

Membre du comité d'initiative et chasseur aguerri, le socialiste valaisan Stéphane Rossini avoue avoir bien de la peine à convaincre ses amis chasseurs de s'engager à ses côtés. Pourtant, affirme-t-il, «les propos alarmistes tenus par l'organisation Chasse Suisse et les fédérations cantonales n'ont pas lieu d'être. Aujourd'hui déjà, il faut justifier d'un besoin et des capacités nécessaires pour obtenir un permis de chasse. Cela ne changera pas avec le nouveau texte constitutionnel».

Ce qui changera par contre, c'est le passage d'une réglementation cantonale à une réglementation nationale. Car l'initiative prévoit certes un régime particulier pour les chasseurs, les tireurs sportifs et les collectionneurs, mais elle précise qu'il appartiendra aux Chambres fédérales d'en fixer les modalités. Pour les initiants, cette mention est une façon de montrer que le projet n'est pas dirigé contre ces milieux et que leurs besoins sont au contraire reconnus. La perspective d'une loi fédérale suscite cependant les pires craintes parmi les associations concernées.

«On ne sait pas à quoi ressemblerait une telle loi», souligne Marco Giacometti, secrétaire général de Chasse suisse. «On sait seulement que les chasseurs devraient présenter un justificatif de besoins et de capacités. On peut par exemple imaginer que chaque personne qui souhaite suivre un cours de formation pour devenir chasseur doive passer un examen psychologique». Les chasseurs et les collectionneurs ont-ils raison de s'inquiéter? «Pas du tout», répond le sénateur socialiste Didier Berberat. «Il s'agit d'affabulations de mauvaise foi. Si l'initiative passe, il est clair que la majorité bourgeoise du Parlement ne va pas chercher à entraver l'activité de ces milieux».

La situation est plus complexe pour les tireurs sportifs. En particulier ceux qui ont recours à une arme d'ordonnance puisque le dépôt à l'arsenal des armes militaires est au cœur du texte soumis au peuple. Les initiants ont prévu le coup. Le projet introduit explicitement une exception pour les tireurs sportifs détenteurs d'une licence. Ceux-ci pourront toujours emmener leur arme d'ordonnance à domicile, à des conditions qui seront là aussi réglées par la loi. On compte aujourd'hui quelque 80 000 tireurs sportifs au bénéfice d'une licence.

En ce qui concerne le tir obligatoire hors du service, les soldats qui ne sont pas au bénéfice d'une licence devraient recevoir une arme sur le terrain de tir. «Elle leur sera prêtée par la société organisatrice qui les obtiendra de l'armée», indique le PS dans son argumentaire. Pour les tireurs, c'est une vue de l'esprit. «Les sociétés de tir ne seront pas en mesure d'entreposer autant d'armes», affirme le PDC Jakob Büchler, président de la commission de politique de sécurité du Conseil national et président de la société de tir de Saint-Gall. Selon lui, «l'initiative condamne le tir sportif comme sport de masse et la Suisse perdra une tradition qui contribue à sa cohésion nationale».

Réponse de Didier Berberat: «On peut compter sur les sociétés de tir pour trouver des solutions pratiques. Rien ne s'y oppose puisque l'initiative permet justement de prendre des mesures en faveur des tireurs». /CIM

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