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Carnet noir: l’ancien conseiller fédéral Flavio Cotti est mort

L’ancien conseiller fédéral tessinois Flavio Cotti est décédé mercredi à l’âge de 81 ans. Membre du PDC, il a siégé au gouvernement entre 1987 et 1999.

16 déc. 2020, 20:39
L'ancien conseiller fédéral tessinois Flavio Cotti est décédé. Ici, une photo de 2016 (archives).

L’ancien conseiller fédéral Flavio Cotti est décédé. Il avait 81 ans. De 1987 à 1999, le démocrate-chrétien tessinois a dirigé deux départements: les affaires étrangères et l’intérieur.

Le décès annoncé par le journal tessinois La Regione a été confirmé en soirée par le conseiller fédéral Ignazio Cassis. «J’ai pris connaissance avec beaucoup de tristesse de la mort de Flavio Cotti. Son esprit politique continue de souffler sur le Département des affaires étrangères», a tweeté le Tessinois.

 

 

Gerhard Pfister, président du PDC suisse, s’est également exprimé sur Twitter. «Il était une grande personnalité et un homme d’Etat, à qui la Suisse doit beaucoup. RIP», écrit M.Pfister.

Main de fer

Durant les 12 ans passés au gouvernement, le démocrate-chrétien tessinois a dirigé deux départements d’une main de fer. On se souvient surtout du ministre des affaires étrangères.

Juriste de formation, mais politicien depuis toujours, Flavio Cotti a siégé au Conseil fédéral de 1987 à 1999. Il a été président de la Confédération à deux reprises, en 1991 et 1998.

A la tête de la diplomatie helvétique dès 1993, Flavio Cotti s’est efforcé de consolider la position de la Suisse dans le monde en menant une politique d’ouverture. Il y a connu son apogée en 1996, avec la présidence suisse de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

Européen convaincu

Le Tessinois a eu la satisfaction de pouvoir fêter peu avant sa démission l’aboutissement des négociations bilatérales engagées avec l’Union européenne après le non à l’EEE de 1992. Européen convaincu, il a toujours défendu la participation entière de la Suisse à l’UE.

Flavio Cotti a aussi contribué au rapprochement de la Suisse avec des organisations internationales, en soutenant notamment sa participation au Partenariat pour la paix de l’OTAN. Il s’est également engagé pour l’interdiction des mines antipersonnel. Il a plaidé en faveur de l’adhésion de la Suisse à l’ONU, mais le peuple n’a dit oui que trois ans après son départ.

 

 

M. Cotti s’est employé à préserver et développer le rôle de Genève comme siège européen de l’ONU et de nombreuses organisations internationales. Ces efforts ont notamment abouti à l’installation de l’OMC dans la ville de Calvin. En revanche, Genève a dû renoncer à devenir la capitale mondiale de l’environnement.

Certains ont reproché au Tessinois un engagement insuffisant dans ledossier des fonds juifs en déshérence. Cette crise a connu son paroxysme alors qu’il dirigeait les affaires étrangères.

Flavio Cotti s’est aussi attiré des critiques pour le peu de ménagement avec lequel il a réformé son département. Les fonctionnaires en poste à l’étranger, en particulier, ne lui ont pas pardonné la baisse de leurs traitements. La nomination de personnalités hors sérail à des postes d’ambassadeurs, comme Ueli Sigg à Pékin ou Gret Haller au Conseil de l’Europe, lui a aussi été reprochée.

Ministre de l’environnement

Auparavant, M. Cotti avait dirigé pendant six ans le Département de l’intérieur. Il s’y est surtout fait connaître comme ministre de l’environnement. Il a créé en 1988 l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage. Lorsqu’en 1992 il a placé à sa tête Philippe Roch, alors directeur du WWF, il a provoqué la colère de la droite.

En matière de politique sociale, Flavio Cotti a essuyé une gifle dès son entrée en fonction, avec le non massif du peuple à la révision de l’assurance maladie et maternité en décembre 1987. Après cet échec, il a jeté les bases de la nouvelle loi sur l’assurance maladie et de la 10e révision de l’AVS. Les deux projets ont été menés à terme par Ruth Dreifuss, qui lui a succédé en 1993.

Conseils d’administration

Après son retrait du Conseil fédéral, Flavio Cotti a été pressenti pour exercer le mandat d’émissaire de l’ONU dans les Balkans. Cette charge ayant été finalement confiée au Suédois Carl Bildt, il a rapidement accepté d’autres fonctions au sein de grandes entreprises.

Président du comité consultatif international du Credit Suisse Group, M. Cotti a siégé dans les conseils d’administration de Fiat, Georg Fischer et Think Tools. Il a aussi été membre du conseil de la Fondation Jacobs, organisation philanthropique qui œuvre en faveur du développement personnel et professionnel des jeunes.

Au décès de Nelson Mandela, en 2013, l’ancien ministre des affaires étrangères avait dit son admiration envers l’homme qui a symbolisé la lutte contre l’apartheid. «Sa paix intérieure, sa capacité à considérer le passé sans haine et à regarder vers l’avenir sans volonté de se venger ont permis à l’Afrique du Sud de passer à la démocratie sans conflit», avait-il déclaré.

Premier président tessinois du PDC

Originaire de Prato Sornico, Flavio Cotti est né le 18 octobre 1939 à Muralto, près de Locarno. Après avoir fréquenté les écoles catholiques à Ascona et le gymnase à Sarnen, il a obtenu une licence en droit à l’Université de Fribourg. Dès l’âge de 26 ans, il a exercé la profession d’avocat et notaire à Locarno.

Flavio Cotti est entré en 1964 au Conseil communal (législatif) de Locarno. Il a été membre du Grand Conseil tessinois de 1967 à 1975, puis du Conseil d’Etat jusqu’en 1983. Il s’en est retiré après son élection au Conseil national. En 1984, il a été le premier Tessinois élu à la présidence du PDC suisse.

Flavio Cotti était marié et père d’une fille.

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