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Bruxelles ne fera rien contre la chute du prix du lait

La Commission européenne a refusé hier de céder à la pression des agriculteurs. Face à la chute des prix du lait, elle affirme n'avoir guère de moyens pour les aider à traverser la crise.

23 juil. 2009, 11:56

«J'aimerais avoir une baguette magique» pour faire remonter les prix «mais je n'en ai pas», a déclaré la commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel. Elle a reconnu toutefois que la crise actuelle était «grave» et «l'empêchait parfois de dormir la nuit». Il y a de quoi: dans certains pays, les prix du lait ont chuté de 50%. «Certains agriculteurs, qui n'ont pas de banque prête à les aider à traverser cette crise, sont en mauvaise posture», a reconnu la commissaire danoise. Son mari a été agriculteur et sa fille exerce encore cette profession.

Mais pour elle, pas question de réintroduire de la gestion planifiée de production afin d'ajuster les prix. Le salut ne pourra venir que d'une demande plus forte et d'une rémunération accrue des producteurs là où coopératives et distributeurs se réservent des marges douteuses sur la revente. La commissaire de l'Agriculture a même suggéré hier aux Européens d'acheter du lait au lieu de se ruer sur les bouteilles de Coca-Cola. Elle ne peut comprendre les consommateurs qui préfèrent acheter des boissons gazeuses, plus chères que le lait. Bruxelles propose de faciliter l'octroi d'aides publiques nationales aux exploitants en difficulté, ainsi qu'une gestion un peu plus rigoureuse des quotas laitiers. Les exploitants qui dépassent leur plafond individuel pourraient être punis.

En revanche, Bruxelles refuse l'idée d'une prime à l'abattage des vaches et surtout rejette tant une baisse des quotas de production - demandée par une partie de la profession - qu'un gel, suggéré par l'Allemagne et la France.

«Ne faites pas des quotas un bouc émissaire», a plaidé Mariann Ficher Boel à l'adresse des exploitants. Ils ne seraient pas à l'origine de la chute des prix puisque les plafonds de production ne sont pas atteints dans l'UE.

Mécontentes, la France et l'Allemagne ont estimé les dispositions annoncées insuffisantes et ont demandé de nouvelles mesures. Les paysans français et allemands sont frappés de plein fouet par la détérioration des marchés mondiaux du lait.

Des exploitants belges ont fait savoir leur désaccord dans la rue hier à Bruxelles, en manifestant à bord de 400 tracteurs. «Compte tenu des prix (du lait) qui, actuellement, ne couvrent que la moitié des coûts de production, beaucoup n'auront, au cours des prochaines semaines, plus d'autre issue» que «de mettre la clef sous la porte» si les quantités produites ne sont pas réduites, a regretté hier le président de la fédération des producteurs européens de lait (EMB).

En suisse les contingents de lait (l'équivalent du quota laitier utilisé par l'EU) ont été supprimés le 1er mai 2009. Depuis, la production de lait a augmenté, ce qui a fait baisser son prix.

Alors qu'il se situait encore à 84 centimes en octobre 2008, le prix du litre n'atteint maintenant plus que 60 centimes le litre. Bien qu'il soit faible, ce prix est encore supérieur à celui des paysans européens, soit 36 centimes (francs suisses) par litre.

Les paysans suisses ont tenté de se mettre d'accord sur une autorégulation de la quantité de lait mais cette idée n'a pas été acceptée. /ats

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