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Asile: les détentions administratives des requérants déboutés sont à la limite de la légalité

La détention administrative des requérants déboutés n'est pas toujours nécessaire. Certains cantons y recourent plus que d'autres, flirtant parfois avec la légalité. Le recours à la détention est une atteinte à la liberté et doit donc être utilisé avec diligence.

28 juin 2018, 14:21
Une détention administrative peut être ordonnée si l'on craint qu'une personne tente de se soustraire à son renvoi.

Le recours à la détention administrative pour assurer le renvoi d'un requérant d'asile peut être parfois à la limite de la légalité. Le constat, tiré par les parlementaires, vaut aussi pour les mineurs. Les cantons ont des pratiques très disparates.

Dans un rapport publié jeudi, la commission de gestion du National dénonce par ailleurs une grande gabegie dans le traitement des données. Le Conseil fédéral est appelé à mettre de l'ordre.

Une détention administrative peut être ordonnée si l'on craint qu'une personne tente de se soustraire à un renvoi susceptible d'être exécuté dans un délai prévisible. Elle ne doit pas dépasser 18 mois. Les mineurs de plus de 15 ans peuvent être concernés, mais pas les moins âgés. La détention des mineurs est limitée à 12 mois.

Atteinte à la liberté des personnes

Selon une évaluation menée par le Contrôle parlementaire de l'administration (CPA) sur les cas entre 2011 et 2014, la détention administrative est un moyen efficace pour assurer un renvoi. Elle n'était toutefois pas nécessaire dans tous les cas.

Il s'agit d'une grave atteinte au droit fondamental à la liberté des personnes concernées. La détention administrative doit donc être proportionnée, relève la commission de gestion. Or l'enquête du CPA montre une grande divergence de pratiques entre les cantons.

La commission "ne peut exclure que, dans certains cas, le principe de proportionnalité n'ait pas été suffisamment respecté et que, par conséquent, la détention ne soit pas légale". Les requérants pourraient être traités différemment suivant le canton d'attribution.

Disparités cantonales

Les divergences peuvent en partie s'expliquer par l'âge, le sexe ou le pays d'origine des requérants. Ces facteurs une fois corrigés, il reste toutefois un fossé concernant la part de détenus parmi les personnes à renvoyer dans le cadre de Dublin: elle atteint 61% à Obwald et 24% à Genève.

Dans les cas non-Dublin (rejet de la demande ou non-entrée en matière), le taux varie de 4% à Genève et au Tessin à 20% à Obwald. Des différences apparaissent aussi concernant le succès de la mesure: le taux de départ des personnes détenues n'est que de 52% en Valais alors qu'il atteint 80% à Genève.

La commission de gestion appelle le Conseil fédéral à veiller à une plus grande harmonisation des pratiques cantonales et au respect du principe de proportionnalité. Le gouvernement devra aussi vérifier si les bases légales assurent une protection suffisante des droits fondamentaux.

Couac avec les mineurs

La question des mineurs détenus préoccupe également. Le CPA a constaté plus de 100 cas de jeunes de moins de 15 ans détenus avec leurs proches, surtout dans le canton de Berne. Le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) a toutefois fait valoir des problèmes de saisie des données.

Résultat: on ne peut pas quantifier les mineurs de moins de 15 ans détenus avec leurs parents, mais on part du principe qu'il existe des cas de ce genre, a expliqué Alfred Heer (UDC/ZH) devant la presse. Le gouvernement est appelé à examiner le couac sur les données.

Mais surtout, il faut éviter ce genre de pratique. Genève, Vaud et Neuchâtel n'y recourent d'ailleurs pas. La commission invite le Conseil fédéral à exclure les mineurs de moins de 15 ans de la détention administrative et à favoriser d'autres possibilités d'exécution du renvoi des familles.

Pour les plus de 15 ans, la mesure ne doit être ordonnée qu'en dernier ressort et il faudrait aménager des places de détention spécialement adaptées.

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