Plusieurs milliers d'agriculteurs - 10'000 selon les organisateurs - ont manifesté aujourd'hui à Sempach, dans le canton de Lucerne. A l'occasion de ce «soulèvement paysan», ils ont exprimé leur opposition à un futur accord de libre-échange agricole avec l'Union européenne et leur revendication d'un «prix du lait enfin juste».
Cors des Alpes, banderoles, cloches de vaches et drapeaux: rien ne manquait pour appuyer les revendications paysannes. La manifestation de samedi se voulait un appel au secours. «On a atteint les limites du supportable», écrit l'Union suisse des paysans (USP) dans un communiqué.
La fin du contingentement laitier a montré que les producteurs de lait sont étranglés par le marché, en raison de leurs structures très diverses, a déclaré Peter Gfeller, président de la Fédération des producteurs de laits (PSL).
Avec un prix du lait de 60 centimes, aucun paysan n'est à même de couvrir ses coûts, ont fait valoir les organisations paysannes. Il manque aux agriculteurs un instrument qui leur permette d'adapter la production laitère à la demande réelle, ont-ils fait valoir.
Dans une résolution adressée au Conseil fédéral, les paysans ont demandé l'instauration d'un management des quantités contraignant. La surproduction est chère et ruine des vies, a fait valoir le producteur de lait Martin Haab, l'un des organisateurs.
La faute à Doris Leuthard
Pour le président de l'UDC Toni Brunner, la coupable de cette situation est toute désignée: c'est la conseillère fédérale Doris Leuthard, avec sa stratégie des prix bas. La ministre de l'économie mène une politique irresponsable envers les paysans et la population suisse, a-t-il accusé.
Sur les lieux de la bataille de Sempach où, il y à 623 ans, les Confédérés ont vaincus les Habsbourgs, les paysans s'en sont pris à l'accord de libre-échange avec l'UE. «Les coûts d'un tel accord sont sans commune mesure avec les maigres bénéfices économiques qu'il pourrait procurer», indique l'USP dans un communiqué. Dans leur résolution, les manifestants ont aussi demandé l'arrêt des négociations entre l'UE et le Conseil fédéral.
Le rassemblement était organisé par la fédération alémanique Big- M, à l'origine de la grève du lait de 2008, le Bäuerliche Zentrum Schweiz (BZS) et l'UDC Suisse. Il a reçu le soutien de diverses organisations paysannes dont l'USP, Uniterre et «La vrille» du vigneron genevois Willy Cretegny. /ats