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Améliorer le sort des péripatéticiennes

15 sept. 2011, 11:15

Le ?plus vieux m?tier du monde? est un fait. Et cela qu'on l'accepte ou que l'on d?sire mettre au ban de la soci?t? la prostitution. C'est l'avis du d?put? d?mocrate-chr?tien Pius Segm?ller, pour qui des am?liorations sont n?cessaires dans le domaine. Dans le cadre de son ?tude ?La violence dans les m?tiers du sexe?, Eva B?schi, professeure ? la Fachhochschule Nordwestschweiz, a interrog? des g?rants d'entreprises de services sexuels. Il ressort de son enqu?te que lorsque le travail du sexe est consid?r? comme un travail r?mun?r? et que l'activit? est professionnalis?e, la violence ainsi que la stigmatisation li?es ? ce m?tier controvers? peuvent ?tre r?duites.

L'occasion d'aborder le sujet avec Pius Segm?ller, d?put? d?mocrate-chr?tien (PDC /centre-droit) ? la Chambre basse du Parlement, qui fut aussi commandant de la Garde suisse pontificale il y a dix ans.

Quel est votre avis personnel sur la prostitution?

C'est le plus vieux m?tier du monde. T?t ou tard, il faudra bien le reconna?tre ? sa juste valeur, afin qu'il ne tombe pas dans la criminalit?.

Que feriez-vous pour am?liorer la situation actuelle?

La prostitution gagnera en fiabilit? et en s?curit? si elle ne se d?roule pas sur le trottoir, mais dans des studios ou des maisons closes.

Vous avez ?t? commandant de la police de la Ville de Lucerne et avez donc ?t? confront? ? la prostitution. Quels souvenirs en gardez-vous?

A Lucerne, il y a une sc?ne ouverte de la prostitution, en plus des lieux de rencontre et des salons de prostitution. J'ai gard? en m?moire le d?fil? des voitures dans le quartier, conduites par des clients ? la recherche de prostitu?es ou par de simples voyeurs.

Le bruit provenant des salons o? les prostitu?es marchandaient avec leurs clients - et ce jusqu'? l'aube - ?tait aussi un facteur de perturbation, tout comme les d?chets qui demeuraient lorsque les rapports sexuels avaient ?t? consomm?s dans des coins sombres. Enfin, les actes de violence commis autour de la prostitution sont rest?s grav?s dans ma m?moire.

La violence est-elle donc plus importante dans le secteur des activit?s ill?gales ou sur le trottoir?

Il y a plus d'outils ? disposition pour surveiller les activit?s l?gales. Les g?rants des salons devraient fonder une association. Ils devraient se donner des r?gles et collaborer. Ce n'est qu'ainsi qu'on viendra ? bout de la violence et des autres probl?mes.

Est-ce que votre point de vue correspond ? celui de votre parti, le PDC? On s'attend plut?t de votre part ? une prise de position catholique, c'est-?-dire ? un rejet pur et simple de la prostitution.

Bon nombre de personnes ont une image n?gative de ce m?tier et le consid?rent comme moralement condamnable et, au fond, j'ai la m?me opinion. Toutefois, on n'a pas le droit de fermer les yeux sur la question.

L'?tude d'Eva B?schi montre que la violence n'est pas le seul probl?me auquel sont confront?s les propri?taires de salon. Ils se sentent ?galement stigmatis?s. Est-ce que vous comprenez cela?

Oui, mais ces gens sont en partie responsables de leur stigmatisation, car les propri?taires de salon se font parfois beaucoup d'argent sur le dos des prostitu?es, notamment en leur proposant des salaires ou des infrastructures insuffisants. Il arrive aussi tr?s souvent qu'on confonde propri?taire de salon et prox?n?te.

Cependant, ce sont aussi les prostitu?es elles-m?mes qui sont stigmatis?es?

Il s'agit bien entendu ?galement d'une question ? caract?re religieux. Le christianisme n'est d'ailleurs pas la seule religion ? condamner la prostitution. Mais nous ne pouvons pas abandonner les personnes qui pratiquent le plus vieux m?tier du monde en les poussant ? l'ill?galit?, ce qui reviendrait ? les criminaliser davantage. Dans les pays arabes, la prostitution est totalement prohib?e, mais c'est justement l? qu'elle est la plus active!

La Suisse est consid?r?e comme relativement tol?rante vis-?-vis de la prostitution. A-t-elle encore des progr?s ? faire?

Nous sommes une soci?t? tol?rante qui accepte cette activit?. A Nidau, pr?s de Bienne, le pr?fet a fix? des conditions claires pour l'exploitation des bars de rencontre. Un cadre clair a des cons?quences positives et engendre donc des am?liorations. Il faudrait aussi introduire des contr?les de sant?. Les probl?mes de sant? concernent aussi bien les prostitu?es que leurs clients: tant les unes que les autres peuvent communiquer des maladies sexuellement transmissibles.

Trouvez-vous normal que le prox?n?tisme ne soit en principe plus puni en Suisse?

A partir du moment o? un prox?n?te fait pression sur une prostitu?e, il effectue ? mon avis un acte bl?mable et ill?gal et devrait ?tre puni.

En revanche, je n'ai rien contre un prox?n?te qui offre sa protection ? une prostitu?e contre r?tribution. De la m?me mani?re, certains salons engagent des gardes du corps pour trier les clients ? l'entr?e. Je comprendrais aussi que plusieurs prostitu?es s'associent pour engager une personne veillant ? leur s?curit?.

Vous ?tes n?anmoins contre la prostitution. Comment dissuaderiez-vous une d?butante d'entrer dans le m?tier?

Lorsqu'une personne d?cide de se prostituer, elle le fait le plus souvent en raison d'un manque d'argent ou d'un d?sir d'une certaine forme de prestige. Mais ce qui l'attire avant tout, c'est l'argent relativement vite et facilement acquis.

Notre soci?t?, surtout dans son r?le ?ducatif, a le devoir d'attirer l'attention sur ce dont il s'agit vraiment ici: un acte par lequel on se vend, par lequel on se donne ? quelqu'un. Et, bien que la plupart des personnes que j'ai rencontr?es le nient, cet acte est souvent un fardeau pour elles.

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