Comme annoncé dimanche, l'Eglise catholique suisse dénoncera désormais systématiquement les abus sexuels non prescrits à la justice. La Conférence des évêques suisses (CES) a adapté ses directives en ce sens lors de son assemblée qui s'est achevée mercredi à St-Gall.
La CES a durci l'obligation de dénoncer les abus sexuels commis au sein de l'Eglise catholique. Jusqu'à présent, les responsables ecclésiaux étaient tenus d'agir en ce sens, si la victime les y autorisait. Victimes et abuseurs étaient d'abord encouragés à dénoncer eux-mêmes un tel cas.
Dorénavant, les responsables ecclésiaux ne devront plus obtenir l'accord de la victime pour dénoncer un cas d'abus. Ils pourront passer outre.
"Ce droit de veto des victimes a été mal compris de l'opinion publique. Il laissait penser qu'il y avait une volonté de cacher des faits", précisait dimanche à Keystone-ATS la porte-parole de la CES Encarnacion Berger-Lobato. Elle confirmait la mise en place de la nouvelle donne, révélée par le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung.
Si les cas ne sont pas prescrits
La seule condition à une dénonciation est que le cas ne soit pas déjà prescrit, a précisé mercredi Felix Gmür, évêque de Bâle, face aux médias réunis à St-Gall. En cas de prescription, le risque de collusion est trop important, invoque le nouveau président de la CES.
Seules les autorités d'enquête de l'Etat ont les moyens de mener une enquête correctement, en utilisant des mesures de contrainte, si besoin est, ajoute Mgr Gmür.
Forte hausse des cas signalés
L'an dernier, 65 nouvelles victimes se sont manifestés auprès de l'Eglise catholique. Cela représente une hausse importante par rapport à 2016.
L'évêque de Bâle y voit un effet des nombreux appels lancés aux victimes d'abus ainsi que de l'introduction d'un fonds de dédommagement. Par ailleurs, les abus sexuels survenus au sein des Eglises ont été souvent thématisés dans les médias l'an dernier, ajoute Felix Gmür.
Majorité des cas prescrits
Pourtant, la plupart des cas d'abus signalés en 2017 sont prescrits. Nombre d'entre eux remontent à plus de 30 ans. Depuis 2010, environ 300 cas ont été signalés aux évêchés. La plupart des victimes étaient des enfants et des adolescents de moins de 17 ans. Leurs abuseurs étaient principalement des prêtres et d'autres religieux.