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20 ans après Lothar: la forêt désormais plus résistante face aux éléments naturels

22 déc. 2019, 10:52
De vastes zones forestières et des bâtiments ont été dévastés ce 26 décembre 1999, comme ici dans l’Engelbergertal.

Le 26 décembre 1999, l’ouragan Lothar détruisait 10 millions d’arbres en Suisse. Cette catastrophe a coûté des millions aux exploitants, mais a aussi contribué à une régénération de la forêt: plus naturelle, elle a gagné en résistance face aux éléments naturels.

Lors de son passage, Lothar a fait 14 victimes. Quinze autres ont perdu la vie l’année suivante lors des travaux de déblayage et débardage. La facture des dégâts s’est élevée à 1,35 milliard de francs, 600 millions pour les bâtiments et 750 millions dans les forêts, selon les chiffres de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Au total, 2% des arbres du pays étaient rasés.

 

 

Les cantons de Berne, Fribourg, Lucerne et Nidwald ont été particulièrement touchés, rappelle l’OFEV dans un dossier paru sur son site. Dans ces régions, le bois anéanti représentait quatre à dix fois la production annuelle.

Vingt ans plus tard, le directeur fédéral des forêts de l’époque, Werner Schärer, tire un bilan finalement positif. «Lothar a révélé que les monocultures et les forêts inadaptées au site sont plus sensibles aux tempêtes que les forêts mixtes».

La fin de la monoculture

Lothar a signé la fin de la monoculture dense d’épicéas, qui étaient tombés comme des dominos en raison de leur faible enracinement. Le canton de Berne n’accorda ainsi délibérément aucune subvention pour cette essence, rappelle l’OFEV. Au bilan, la forêt a rajeuni et s’est régénérée grâce notamment à un mélange d’essences de différentes classes d’âge.

Pompiers à l’oeuvre dans les rues de Genève, le 31 décembre 1999. Keystone archives

 

Aujourd’hui, la forêt suisse est devenue plus résistante. La tempête de janvier 2018 Eleanor, la plus forte depuis Lothar, n’a causé que des dégâts minimes: à l’échelle du pays, la quantité de chablis a été dix fois inférieure à celle de 1999.

Et elle se révèle aussi plus résistante aux épisodes caniculaires. Grâce au mix d’espèces d’arbres et à la structure d’âges et de tailles variée, les arbres sont mieux armés contre les dangers biotiques et abiotiques. Ils peuvent par exemple bénéficier de l’eau contenue à différentes profondeurs en fonction de leurs types d’enracinement, explique Ivo Minger porte-parole à l’OFEV.

Lothar a précipité la chute des prix

Au niveau économique, le secteur sylvicole ne s’est jamais vraiment remis depuis 1999. Les cours du bois de sciage se sont relevés dès 2005, sans jamais retrouver le niveau des années d’avant Lothar.

La concurrence étrangère a certes aussi pesé sur le bois suisse de par l’intensification du commerce international et la globalisation. Avec ou sans Lothar, une baisse du prix aurait sans doute été observée. «Mais le bouleversement majeur engendré par l’ouragan a dans tous les cas accéléré et probablement intensifié la chute des prix», explique Ivo Minger.

Route bloquée du côté de Berne le 26 décembre 1999. Keystone archives

 

Cette situation a accéléré la transformation du secteur: il en est ressorti une meilleure collaboration régionale entre exploitants et entre cantons. Les ressources en personnel ont été utilisées plus efficacement et avec des machines de récolte plus performantes.

Lothar s’est formé à Noël au-dessus de l’Atlantique nord à la suite de la rencontre entre une forte dépression centrée sur l’Islande et un anticyclone situé aux Azores. Avec des pics à 272 km/h, il a balayé l’Europe, du nord de la France à l’Autriche, en passant par la Suisse, le sud de l’Allemagne et le Liechtenstein. Plus de 100 personnes ont été tuées dans toute l’Europe.

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