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Une épée orpheline

Difficile, pour Marcel Fischer, de prendre la parole après avoir visionné les images de sa médaille d'or d'Athènes. Difficile de dire au revoir, d'annoncer qu'il quitte définitivement l'escrime qu'il aime et qui lui a tant apporté.

14 nov. 2008, 08:49

«C'est un jour particulier, ici, dans ces catacombes que sont pour moi le Cercle d'escrime de Bienne. Après 21 ans d'émotions intenses grâce à ce sport et après avoir longtemps réfléchi, je vous annonce que j'arrête l'escrime.» Marcel Fischer a lancé, d'une seule salve cette phrase, comme une flèche qu'il maîtrise avec la précision qu'on lui connaît.

Une longue respiration, une feuille de papier pour le soutenir dans son annonce à la presse. Depuis son titre olympique en 2004, il a multiplié les conférences. Mais jamais son message n'a semblé si pénible à articuler. Il a les traits crispés, les mêmes rictus que lorsqu'un assaut lui déplaît. C'est à peine si les gazouillis de sa fille de bientôt un an lui rendent son sourire.

Pourtant, dans la vétuste salle d'escrime de la Gurzelen, où pour la première fois les télévisions se bousculent, tous les proches de Fischer sont réunis. Sa famille, ses entraîneurs - de Ryszard Marzsalek «celui qui m'a donné mon feeling pour l'escrime» à Rolf Kalich «il voulait sans cesse que j'attaque alors que je suis prudent. Nous avons fait un bon mélange» - et ses partenaires, Basil Hofmann et Beni Steffen, sont venus partager ce tiré de rideau.

La surprise est d'autant plus grande dans l'assemblée que l'ex-no 1 mondial affirmait, il y a deux semaines, qu'il poursuivrait sa carrière au moins un an. «J'ai dit que je continuais à m'entraîner, pour me laisser la porte ouverte à la compétition, corrige-t-il. J'ai essayé de trouver une place dans un hôpital où je pouvais m'arranger avec les horaires, mais ce n'était plus possible. Lors de la conférence de presse à Lausanne il y a dix jours, la direction que j'allais prendre était déjà claire dans ma tête, même si elle me fait mal au cœur car j'aime l'escrime.»

En décembre, Marcel Fischer passera son examen théorique de médecine du sport. Il aimerait suivre une équipe dans le futur. L'escrimeur suisse le plus capé de l'histoire déménagera ensuite sur les rives du Bodensee, d'où est originaire Alessandra Franchina, sa compagne. Le 1er janvier, le médecin de 30 ans entrera en poste à l'hôpital cantonal de Münsterlingen (AG) à 100%. «Et je vais m'inscrire le plus vite possible dans un club de tennis. Je faisais partie des espoirs étant jeune. Ce sera mon nouveau sport», lance-t-il en boutade. L'épéiste aux cinq Coupes du monde profitera également de s'investir davantage au sein de Right to Play. En 2009, il œuvrera une semaine en Thaïlande auprès des sinistrés du tsunami.

«Même si j'ai discuté avec beaucoup de monde autour de moi pour prendre cette décision, elle reste mienne. Elle n'a rien à voir avec ma non-qualification pour les JO de Pékin. Je resterai au sein de la Fédération pour conseiller les jeunes, mais je ne peux plus être athlète ou entraîneur. Ça demande du temps que je n'ai plus», précise encore celui qui quittait le Cercle d'escrime de Bienne il y a neuf ans, pour aller étudier et s'entraîner à Bâle.

Marcel Fischer fera encore une apparition au camp d'entraînement à Genève en fin de semaine prochaine. «La question est de savoir qui fera le dernier match avec lui», plaisante son coéquipier Beni Steffen, qui perd un partenaire précieux. En revanche, le Biennois ne participera pas aux championnats de Suisse les 29 et 30 novembre à Zoug. /TBU

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