Roger Federer a parlé, ses collègues ont approuvé, le tennis peut avancer: le Bâlois a appelé les instances dirigeantes des circuits masculin (ATP) et féminin (WTA) à s’unir en une seule organisation pour sortir plus fort de la crise liée au coronavirus.
«Je me demandais… suis-je le seul à penser que le moment est venu pour les tennis masculin et féminin d’être réunis pour ne plus former qu’un?», a questionné le joueur aux 20 titres du Grand Chelem mercredi sur son compte Twitter.
Just wondering…..am I the only one thinking that now is the time for men’s and women’s tennis to be united and come together as one?
— Roger Federer (@rogerfederer) April 22, 2020
Malgré sa formulation interrogative, difficile de croire que Federer, qui a rejoint Novak Djokovic au conseil des joueurs de l’ATP l’été dernier avec Rafael Nadal, ait ainsi lancé à ses 12,7 millions de fans sur les réseaux sociaux une idée qui lui serait venue au sortir d’une sieste…
Le soutien apporté par Nadal dans sa forme et sa rapidité plaide d’ailleurs en faveur d’une proposition au contraire très concertée: «Comme tu le sais d’après nos discussions, je suis tout à fait d’accord sur le fait qu’il serait excellent de sortir de cette crise mondiale avec la réunion des tennis masculin et féminin en une seule organisation», a tweeté l’Espagnol.
Hey @rogerfederer as you know per our discussions I completely agree that it would be great to get out of this world crisis with the union of men’s and women’s tennis in one only organisation https://t.co/fTCfvMiU4G
— Rafa Nadal (@RafaelNadal) April 22, 2020
Dans la foulée, plusieurs joueurs et joueuses ont apporté leur soutien appuyé, dont Simona Halep, Petra Kvitova, Garbine Muguruza ou Vasek Pospisil, également membre du Conseil des joueurs de l’ATP.
«Plan B»
Alors profitant du chaos créé par la pandémie de Covid-19, le «Big 3» qui domine le tennis mondial, formé par Federer, Djokovic et Nadal, serait-il en train d’initier une révolution que l’ex-no 1 mondiale Billie Jean King, grande avocate du tennis féminin, appelle depuis des décénies ?
«Je suis d’accord et je le dis depuis le début des années 1970. Une seule voix, femmes et hommes ensemble, est depuis longtemps ma vision du tennis», a tweeté l’Américaine aux 12 trophées du Grand Chelem qui a contribué à la création en 1973 de la WTA, dont elle a été le premier président.
I agree, and have been saying so since the early 1970s. One voice, women and men together, has long been my vision for tennis.
— Billie Jean King (@BillieJeanKing) April 22, 2020
The WTA on its own was always Plan B.
I’m glad we are on the same page.
Let’s make it happen. #OneVoice https://t.co/FHbQHLiY6v
«La WTA à part a toujours été un plan B. Je suis heureuse que nous soyons sur la même longueur d’ondes. Allez, faisons-le», a-t-elle lancé.
Le chaos régnant dans la gouvernance du tennis, éclatée en sept acteurs aux intérêts divergents (l’ATP, la WTA, la Fédération internationale ITF et les quatre tournois du Grand Chelem), apparaît de façon encore plus crue face à la pandémie, avec une cacophonie sur les calendriers d’annulation/reprise et les questions de solidarité financière envers les joueurs moins bien classés et donc plus impactés par l’absence de revenus.
La question de l’aide financière a été traitée par Djokovic qui a pressé l’annonce d’un fonds alimenté conjointement par les sept instances dirigeantes.
L’union fait la force
La réunion de certaines de ces instances semble donc une bataille menée par Federer et Nadal. «Ca aurait probablement dû se faire il y a longtemps, mais le moment est vraiment venu maintenant», a estimé Federer, alors que le monde du tennis est sportivement à l’arrêt depuis mi-mars.
«Nous traversons des temps difficiles (…) et nous pouvons en sortir soit avec deux instances affaiblies, soit avec une instance renforcée», a-t-il précisé.
«Il est déroutant pour les fans d’avoir des systèmes de classements différents, des logos différents, des sites web différents, des catégories de tournois différentes», a explicité le Bâlois, no 4 au classement ATP, en excluant une «fusion des compétitions».
I agree with you, It’s too confusing for the fans when there are different ranking systems, different logos, different websites, different tournament categories. https://t.co/zX4XTr9Rr0
— Roger Federer (@rogerfederer) April 22, 2020
Confronté à un début de mandat sacrément agité, le nouveau patron de l’ATP (depuis janvier) Andrea Gaudenzi a accueilli plutôt favorablement cette proposition.
«La récente coopération entre les instances dirigeantes (sur le Fonds de solidarité, ndlr) n’a fait que renforcer ma conviction sur le fait que l’union de notre sport est le meilleur moyen de développer notre potentiel», a-t-il commenté.
La WTA n’avait toujours pas réagi jeudi à la mi-journée.
Seule voix discordante à s’être exprimée jusque-là, celle du fantasque australien Nick Kyrgios: «Quelqu’un a-t-il demandé son avis à la majorité de l’ATP?»
Did anyone ask the majority of the ATP what they think about merging with the WTA and how it is good for us?
— Nicholas Kyrgios (@NickKyrgios) April 22, 2020