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Sac d'os devenu un os

Irrésistible au premier tour, Roger Federer affronte demain un adversaire autrement plus dangereux: Gilles Simon, fluet mais au cœur énorme.

18 janv. 2011, 12:10

La Suisse se réveillait à peine, hier, lorsque Roger Federer a serré la main de son adversaire du premier tour, le Slovaque Lukas Lacko (ATP 97). Le No 2 mondial ne s'est pas attardé sur le court, s'imposant 6-1 6-1 6-3 en 84 minutes. «Je n'ai pas puisé dans mes réserves. C'est toujours important en début de tournoi», souffle le Bâlois de 29 ans, à qui beaucoup prédisent un deuxième match autrement plus compliqué, demain.

«Vous croyez? Pas moi. Roger Federer et Rafael Nadal sont intouchables avant les demi-finales. Il faut s'appeler Murray, Djokovic ou Söderling pour ne serait-ce penser pouvoir les battre. Quoique Monfils en est capable aussi. Monfils est capable de tout», sourit Jim Courier, ancien No 1 mondial et commentateur pour la chaîne de télévision Channel 7 durant l'Open d'Australie. Roger Federer n'a jamais battu Gilles Simon, lui fait-on remarquer. «Mais Federer n'a jamais affronté Simon en Grand Chelem», rétorque l'Américain.

Gilles Simon (26 ans, ATP 34), un gringalet en shorts de plage qui ressemble à tout sauf à un ancien membre du top 10 (No 6 en janvier 2009). C'est de lui qu'il s'agit. Si les principes même de la génétique ont privé le Français de biceps et de pectoraux développés, ils l'ont doté d'un muscle essentiel: le cœur, gros comme ça chez le Niçois.

Car Simon revient de loin. Il serait même un miracle de la nature. A 15 ans, alors qu'il ne mesurait que 1m53, ne lui diagnostiquait-on pas un retard de croissance de près de trois ans? Considéré sans avenir, il était le sparring-partner des plus doués, Gaël Monfils, son meilleur ami, et Richard Gasquet les premiers. Fragile il était, pugnace Simon est devenu. Revanchard aussi. Le sac d'os s'est transformé en un os... tout court. Federer ferait bien de s'en méfier car Federer ne l'a jamais battu.

Rares sont ceux qui peuvent se vanter de n'avoir jamais perdu contre celui qui est considéré comme le meilleur joueur de l'histoire. Deux victoires à zéro, tel est le bilan de Simon face à Federer. De là à parler de bête noire, il y a un pas que le Bâlois se refuse à franchir. «Bête noire, après deux matches? Je crois qu'il faudrait attendre encore un peu», s'offusquerait presque Roger Federer. «David Nalbandian, Lleyton Hewitt ou encore Tim Henman ne me convenaient pas à mes débuts. J'ai beaucoup de respect pour Simon, mais lors de ma première défaite, je sortais d'une longue coupure. Et lors de la seconde, au Masters encore en 2008, j'étais blessé au dos.»

Le Français lui-même est loin de bomber le torse. «Ce sont deux des succès dont je suis le plus fier. J'imagine que Roger se méfie un peu. Mais il sait qu'il est plus fort que moi, et il a raison», tranche-t-il.

En s'imposant, samedi à Sydney, devant le Serbe Viktor Troicki, bourreau des Français en finale de la Coupe Davis, Simon n'a pas seulement conquis le huitième titre de sa carrière, il a suscité des regrets chez son capitaine, Guy Forget, qui lui avait préféré Mikaël Llodra lors du simple décisif. A ceux qui le croyaient «cramé» après sa semaine victorieuse, Simon a apporté une réponse cinglante, hier, en battant en quatre manches Yen-Hsun Lu (ATP 37), un Taïwanais particulièrement à l'aise sur dur, non sans avoir laissé échapper le premier set.

Federer n'aime pas affronter Simon. Pourquoi? «Comme moi, c'est un grand tacticien. Il peut être agressif mais sait aussi très bien défendre», explique le Bâlois. Le Français a une idée derrière la tête. «Mais je ne dévoilerai pas ma tactique, jamais avant un match», rigole-t-il. Non, ne croyez pas que Simon soit du genre à se dégonfler. Il est déjà assez maigre comme cela. /PSA

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