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Damien Wenger: «Chez les pros, les joueurs sont bien plus réguliers que chez les juniors»

Il vient à peine de commencer chez les professionnels que déjà le joueur de l’Arc jurassien Damien Wenger réalise de belles performances. Il sera le 995e joueur mondial au classement ATP le lundi 5 août 2019. Retour sur une vie formatée pour le tennis.

26 juil. 2019, 14:17
Damien Wenger sera le 995e joueur mondial le 5 août 2019.

Calme, posé, presque timide: il est comme ça Damien Wenger. Derrière ses yeux tout bleus et son sourire presque permanent se cache un garçon profondément reconnaissant de la chance qu’il a de mener une vie le conduisant depuis presque dix ans sur les courts du monde entier.

Sur la terrasse du tennis des Cadolles à Neuchâtel, il nous reçoit entre deux entraînements, en compagnie de son complice de toujours, son entraîneur Lionel Grossenbacher. «C’est vrai que tu m’entraînes depuis que j’ai cinq ou six ans, c’est impressionnant», sourit le tennisman.

C’était au tennis de La Neuveville, une commune dans laquelle vit Damien aujourd’hui encore. Le duo se souvient de sa première victoire à Tramelan, au tournoi des Perce-Neige. «J’avais 7 ou 8 ans. Je n’avais pas de licence, et j’avais battu des joueurs qui avaient déjà fait des tournois. J’étais très fier», se souvient-il. 

Son entraîneur rigole. Lui, ce dont il se souvient le mieux, c’est des coups de gueule du jeune Wenger sur le terrain, ou après les défaites. «Tu ne supportais pas de perdre», lui explique le coach.

«Une fois en Croatie, alors que tu avais dix ou onze ans, tu avais mené un cirque pas possible sur le terrain et tu étais parti en boudant avec ton gros sac de raquettes sur le dos (il lie le geste à la parole). Je me souviens de cette image comme si c’était hier.»

Damien Wenger (à droite) en compagnie de son entraîneur de toujours, Lionel Grossenbacher. Photo: Christian Galley.

Une demi-journée avec Federer

Ça, c’était il y a presque neuf ans. Depuis, Damien Wenger a grimpé les échelons. A la fin de l’école secondaire, il décide de ne pas poursuivre d’autres études que le tennis. Il intègre l’Académie Pablo Minutella aux Cadolles, à Neuchâtel. Sa détermination paie.

En 2016, il devient champion de Suisse des moins de 16 ans. Il enchaîne avec plusieurs victoires dans des tournois internationaux. En 2017, il obtient le titre de champion d’Europe en double des moins de 18 ans. En 2018, il participe aux tournois juniors de l’Open d’Australie, de Wimbledon et de l’US Open. Il partage même le terrain avec Roger Federer, le temps d’une demi-journée à Lenzerheide l’été passé. Un moment forcément inoubliable. «Quand tu joues avec Federer, tu te rends compte du boulot qu’il te reste à faire pour espérer lui arriver ne serait-ce qu’à la cheville».

Le monde des adultes

2019 est l’année de ses 19 ans. Damien Wenger doit quitter les juniors et plonger dans le monde adulte.

«Le niveau est vraiment différent», reconnaît-il. «On sent que les joueurs ont de l’expérience. Ils sont plus réguliers. Ils crochent plus. Chez les juniors, si tu gagnes le premier set, ton adversaire s’effondre très souvent. Chez les adultes, ça n’arrive presque jamais. Ils ne lâchent rien.»

Le Neuvevillois en sait quelque chose, lui qui a perdu un match au tournoi d’Uriage (France) après avoir hérité de deux balles de matches contre un ancien joueur du top-200 à l’ATP, le Français Maxime Hamou, rendu célèbre pour ses frasques plus que par ses coups gagnants: Hamou avait en effet été exclu de Roland-Garros en 2017, parce qu’il avait embrassé en direct à la TV une journaliste d’Eurosport.

«C’est dommage que je n’aie pas réussi à gagner, mais en même temps, ce genre de situations me confirme que je suis bien à ma place et pas si loin d’excellents résultats», enchaîne Damien Wenger. Il passe en effet systématiquement les qualifications qui lui donnent accès au tableau principal. Souvent confronté à des têtes de série par le hasard des tirages au sort, il lui est même arrivé d’atteindre les quarts et même les demi-finales.

«Je sens que j’ai progressé»

Depuis qu’il est pro, il gagne un tout petit mieux sa vie. Rien de renversant. A peine deux ou trois mille francs depuis le début de l’année. Cela n’épongera toujours pas les 60’000 à 70’000 francs dont il a besoin annuellement. «Si je passe les premiers tours des tournois, cela me permet de couvrir mes frais de déplacement. En fait, je gagne ce que je dépense pour avoir le droit de jouer», dit-il en souriant.

Mais avec ou sans gain, les tournois professionnels l’ont fait grandir. «Depuis le 1er janvier, je sens que j’ai progressé. Je me sens plus régulier en intensité et en qualité de jeu. Je me sens plus solide.»

D’ici la fin de l’année, il souhaite accéder aux qualifications de tournois que l’on appelle des tournois ATP Challengers. C’est la porte ouverte à des points ATP précieux. «On espère pouvoir atteindre le Top-200 dans quatre ans, quand Damien aura 23 ans», relève son coach. La moyenne d’âge du Top-100 est de 26 ans. L’objectif semble à portée de main.

La Ligue A et les vacances

Dès la semaine prochaine, Damien Wenger défendra les couleurs de son club, le Tennis Club Neuchâtel-Les Cadolles en Ligue nationale A. Après quoi, il prendra quelques vacances avec sa compagne Marion, une future étudiante en droit à l’Uni de Neuchâtel qu’il ne voit que lorsqu’il est en Suisse, c’est-à-dire, très rarement. Destination? «On ne sait pas. Peut-être Majorque. Mais pas chez Rafa Nadal», explique-t-il en éclatant de rire. «Je veux des vacances sans raquette», conclut-il.

Certains se séparent de leurs téléphones portables pour plus de sérénité.
Lui, il range ses raquettes.
Logique.

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