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La fédération ne pourra pas aider tout le monde

Sans immense source de revenus générés par un grand tournoi, Swiss Tennis ne pourra pas jouer les bons samaritains pour aider les «gagne-petit», dont Conny Perrin.

19 avr. 2020, 12:46
Matricule 255 de la WTA, Conny Perrin fait partie des joueuses et joueurs qui gagnent peu, mais dont le circuit a besoin.

«Non, nous ne sommes malheureusement pas en mesure d’aider tous nos joueurs et joueuses qui sont les victimes collatérales de cette pandémie du coronavirus!» Président de Swiss Tennis, René Stammbach a le mérite de la franchise. Sa fédération ne volera pas au secours des gagne-petit du tennis. 

Swiss Tennis ne peut pas se transformer en bon samaritain comme les fédérations anglaise et française qui ont dégagé des moyens conséquents – 24 et 37 millions de francs respectivement – pour aider leurs clubs et leurs joueurs. Grâce aux bénéfices dégagés par Wimbledon et par Roland-Garros, ces deux fédérations disposent d’une tout autre marge de manœuvre que Swiss Tennis.

Malgré le noble geste des Anglais et des Français, le tennis traverse la crise la plus terrible de son histoire. Les efforts désespérés de la Fédération italienne pour sauver cette année ses Internationaux de Rome, quitte à les faire disputer en novembre à huis clos à Cagliari, et le passage en force de la Fédération française pour reporter Roland-Garros à l’automne traduisent bien l’état d’urgence dans lequel ce sport se débat.

Je n’ose imaginer les conséquences d’une saison blanche.
René Stammbach, président de swiss tennis

«Si la situation perdure, nous allons perdre les recettes sur les licences et sur les inscriptions aux interclubs. Je n’ose imaginer les conséquences d’une saison blanche», soupire René Stammbach. «Nous avons toutefois pu continuer à verser les subventions des joueurs du cadre A et B.»

Confinée en Californie, Conny Perrin, 255e mondiale, ne peut pas, à 29 ans, bénéficier des subsides de Swiss Tennis. La Chaux-de-Fonnière a toutefois reçu un message de soutien du directeur du Sport d’élite de Swiss Tennis, Alessandro Greco. «J’ai apprécié ce geste», souligne Conny Perrin qui est parfaitement consciente qu’une aide, si aide il y aura, ne viendra pas dans l’immédiat.

«Toutes les instances s’efforcent de faire au mieux», souligne-t-elle. «J’espère que ces discussions entraîneront des changements bénéfiques pour tous les circuits, WTA, ATP et ITF.»

L’idée de Djokovic

Depuis plusieurs jours, des voix se font entendre pour que l’idée d’une telle aide se concrétise enfin. Vendredi, Novak Djokovic a lancé l’idée d’un fonds de solidarité qui verrait les 100 premiers du classement ATP aider les viennent-ensuite selon un barème progressif de 5000 dollars pour les joueurs classés entre la 50e et la 100e place et 30 000 dollars pour les cinq premiers du ranking.

Entraîneur de Serena Williams et consultant reconnu sur les chaînes de télévision, Patrick Mouratoglou souligne, pour sa part, que «le tennis ne peut pas seulement vivre de ses stars et qu’il est temps de penser à ces joueurs hors du top-100.» Il plaide notamment pour un salaire minimum pour tous les joueurs et joueuses dont le niveau leur permet de tenter leur chance sur le circuit.

Avec ses 12 titres en simples et 21 en double sur le Circuit ITF, nul doute que Conny Perrin est l’une des joueuses qui pourrait avoir droit à un tel salaire. La Géorgienne Sofia Shapatava, 371e mondiale, a pour sa part lancé une pétition en ligne pour demander à la Fédération internationale (ITF), à la WTA et à l’ATP de fournir un soutien financier aux joueurs durant cette pandémie.

L’ITF dégage en touche

Egalement trésorier de l’ITF, René Stammbach rappelle que l’instance a déjà souffert de l’annulation de la phase finale de la Fed Cup à Budapest et que le bon déroulement de celle de la Coupe Davis, en novembre à Madrid, n’est pas assuré.

«La Coupe Davis dégage un tiers des recettes de l’ITF», souligne-t-il. «S’il doit se concrétiser, ce soutien envers les joueurs doit être assuré par la WTA et l’ATP. L’ITF contribue, pour sa part, au développement du tennis au sein des 210 fédérations nationales.» Et à entendre René Stammbach, cela suffit à sa peine.

Swiss Tennis envisage toutefois de soutenir d’une manière indirecte une joueuse comme Conny Perrin. «Une fois que l’on pourra rejouer au tennis, nous nous efforcerons d’organiser plusieurs tournois pour les meilleurs joueurs et joueuses du pays», explique Alessandro Greco.

«Ce sera peut-être devant du public, ou à huis clos. Mais j’imagine qu’une joueuse comme Jil Teichmann, qui est confinée à Bienne, aura envie de livrer des matches avant que le circuit ne reprenne, mais rien ne dit qu’il reprenne cette année en raison de l’universalité de notre sport. Le discours vaut également pour Stan Wawrinka», poursuit-il.

A Swiss Tennis désormais de creuser cette idée et, pourquoi pas, de trouver un sponsor pour que ce projet voie le jour. «Mais en ces temps de pandémie, la chasse au sponsor sera très ardue», avoue Alessandro Greco. «A moins d’en trouver un qui témoigne d’un grand courage.»

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