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«Je mérite mon argent»

Les lecteurs de «L'Express» et de «L'Impartial» ont rencontré Steve Zampieri au coeur de sa saison, entre le Tour de Romandie et le Giro. Les questions ont fusé comme le grimpeur neuchâtelois au sommet d'une côte Les questions ont été posées par Franco Albarella, Stéphane De Cao, Philippe Déjardin, Christian Flückiger, Christian Hirt, Sébastien Racine et Gaëtan Renaud.

07 mai 2006, 12:00

Entre le Tour de Romandie et le d?part du Giro, Steve Zampieri a rencontr? les lecteurs de ?L'Express? et de ?L'Impartial?. C'?tait le lundi 1er mai, jour de la f?te du travail. Un joli symbole pour cet ?quipier mod?le.

Deuxi?me du ProTour en 2005, Phonak est ? la peine. Avez-vous plus de pression?

S. Z.: En 2005, c?est aux environs du Tour de France que l?on a marqu? le plus de points. On y arrive gentiment. La pression vient du fait que l?on n?a pas encore de sponsor pour 2007. iShares devrait s?engager, mais on ne le saura pas avant fin mai. Les victoires aux Etats-Unis ? Tour de Californie et Tour de G?orgie ? ont d? plaire ? cette bo?te am?ricaine!

Oui, mais c??tait au d?triment du Tour de Romandie!

S. Z.: Landis devait y aller en tant qu?Am?ricain. Ensuite, c??tait un choix de ne pas aligner Botero sur le Romandie. Cela dit, on ne s?est pas rat?. On a fait de belles ?tapes et on place Moos (8e) dans les dix.

Ne faudrait-il pas une ou deux ?quipes continentales, en Suisse, pour la rel?ve?

S. Z.: La Suisse ne manque pas de rel?ve, mais de structures. C?est le plus gros probl?me du pays, avec le fait qu?il n?y a quasiment plus de courses pour les ?lites et les amateurs. Tout a moins de valeur. Avant, un gars qui gagnait l?Arif ?tait s?r de passer pro. On avait la Poste, qui s?est retir?e au profit du hockey. Phonak a d?ploy? ses ailes jusqu?au ProTour. On a la chance d?avoir un Monsieur comme Andy Rihs qui a investi beaucoup d?argent dans cette ?quipe. L?avenir est gris. On a besoin d?une ?quipe continentale pour faire un vivier avec des jeunes. Pour passer dans le ProTour, il faut ?tre un champion ou... pistonn?. On passe vite ? c?t? d?une carri?re.

A qui la faute?

S. Z.: L?UCI ProTour a coup? l??lan des petites ?quipes, qui ?taient autant de tremplins. J?ai moi-m?me pass? par l?. On a voulu r?volutionner le v?lo, le faire ressembler ? la F1, alors que le syst?me ?tait rod? et qu?il n?y avait rien ? changer. Les organisateurs aussi ne pensent qu?? l?argent. Prenez l?exemple de l??quipe LPR, de Roger Beuchat. Elle a ?t? invit?e au Romandie... mais ils devaient payer leur h?tel! C?est quand m?me triste qu?une entreprise comme IMG ne puisse pas donner un coup de main ? une petite ?quipe suisse...

La Suisse a pourtant pas mal d?argent!

S. Z.: Oui, mais les sponsors ne sont pas int?ress?s. On a des grandes banques, on est l?un des pays les plus riches du monde, mais on ne veut pas investir dans le v?lo. Pour Coop, Migros et bien d?autres, ?a co?te quoi de mettre huit ou m?me cinq millions dans une ?quipe? Rien! Avec cinq ou six heures ? la t?l?, le budget pub est rentabilis? en trois mois!

Dans une ?quipe pro, est-on des coll?gues de travail, ou est-ce plus chaleureux?

S. Z.: Cela d?pend des pays. Sur 25 coureurs, on a deux ou trois potes. Les autres sont des coll?gues que l?on respecte et de qui il faut ?tre appr?ci?.

Rouler pour des gars mieux pay?s, ?a vous g?ne?

S. Z.: Les salaires, ?a a toujours ?t? un probl?me. J?ai fait deux ou trois saisons avec le minimum. Ensuite, j?ai eu la chance de progresser, de faire des r?sultats. Je ne suis pas un champion, juste un bon ?quipier. Je re?ois l?argent que je m?rite. Je n?envie pas Pierre, Paul, Jacques ou Jean. Je vis bien, j?ai ce qu?il me faut, ?a me suffit. Je fais ce pour quoi je suis pay?. Quand je roule pour quelqu?un, je ne pense pas ? sa fiche de paie.

Que contiennent les musettes de ravitaillement?

S. Z.: Des pains au lait creus?s dans lesquels on met de la confiture, du nutella, du jambon... Il y a aussi des barres et des gels. Si la course fait dans les 250 km, on a deux ?ravitos?. Un apr?s 100 km, un ? 80 km de l?arriv?e. Les gourdes contiennent de l?eau, du sirop, des boissons isotoniques ou, s?il fait froid, du th? au miel.

Quel fut votre parcours?

S. Z.: J?ai commenc? au CC Littoral, puis au VC Vignoble, avant d??tre rep?r? par le VC Lugano. Le club avait d?j? un bon budget pour une ?quipe cadets-juniors, ce qui nous a permis de voyager en France, en Italie, en Tch?quie...

Gardez-vous des contacts avec les coureurs du coin?

S. Z.: J?ai couru plusieurs ann?es avec Fr?d?ric Grass, qui ?tait mon rival chez les cadets et les juniors. Il y a aussi Florian Ludi, qui marche fort chez les ?lites depuis plusieurs saisons. Quand on se voit, on discute deux mots.

Et les courses d?entra?nement du CC Littoral?

S. Z.: C?est bien. D?s que tu as un dossard sur le dos, tu y vas ? fond! C?est gr?ce ? ces courses que j?ai commenc? le v?lo. Je ne dormais pas la nuit! Et je faisais des sauts comme ?a le matin!

Cela ne vous g?ne pas de voir votre ?tat de sant? d?voil? dans les m?dias?

S. Z.: Chaque ?quipe ? un attach? de presse que l?on doit tenir au courant de tout. Les gens aiment savoir pourquoi tel ou tel n?a pas pris le d?part, a abandonn? ou est arriv? en retard. C?est aussi mieux pour nous! ?a explique pourquoi on n?a pas bien march?! Et puis, ? moins d?avoir un truc chronique ou tr?s p?nalisant, cela n?a aucune influence sur la signature des contrats.

Quels contacts avez-vous avec Alejandro Valverde?

S. Z.: Si je le croise, je lui dis ciao. Si je le vois manger, je lui dis bon app?tit. ?a s?arr?te l?. C?est ma septi?me ann?e professionnelle et il y a des coureurs que je ne connais pas. Armstrong? M?me pas ciao! Il ?tait dans sa bulle.

Que pensez-vous des petits d?veloppements?

S. Z.: C??tait la mode Armstrong... et il faut encore ?tre capable de l?imiter! Moi, je ne peux pas. ?a m?asphyxie car ce n?est pas mon rythme naturel. P?daler avec des rapports souples, c?est bien pour la musculature car on garde du jus dans les jambes. Mais ce que faisait Armstrong ?tait extr?me. Lui seul pouvait tourner ? plus de 100 tours par minute apr?s six heures de v?lo. C?est beau. J?ai des cassettes, je regarde ?a comme un gosse qui ouvre ses cadeaux ? No?l! Moi, je suis ? 75 ou 80 tours par minute.

Comment s?op?re le choix des leaders?

S. Z.: On prend des gars en forme, qui offrent des ?garanties?. Chaque coureur qui marche peut revendiquer un statut prot?g?. Le calendrier joue un r?le. Si Landis vise le Tour de France, on ne va pas l?envoyer au Romandie. On peut toujours changer de leader. Il y a la th?orie... et la r?alit? de la course. Si tu termines la premi?re arriv?e en bosse avec les meilleurs, le jour suivant tu es prot?g?. Les directeurs sportifs ne vont pas s?obstiner ? te dire: toi, tu bosses! Au Romandie, ils ne m?ont pas fait rouler. Ils ont senti que je montais en puissance. J?ai prouv? qu?ils ne s??taient pas tromp?s. J??tais l?.

Comment se partagent les primes de course?

S Z.: On r?unit les primes et le bonus que Phonak offre ? chaque course. Un pourcentage va ? l?encadrement. Et il y a un pr?l?vement pour les imp?ts. Ce n?est pas du black!

Et un pro qui va aux championnats romands... et qui prend le maillot, ? l?image de Roger Beuchat en 2005?

S. Z.: Ce n?est pas normal... Et ?a ne lui rapporte rien. On peut faire la course, mais sans dossard. Cela peut ?tre un bon entra?nement. Apr?s... gagner, lever les bras... Oublie! J?ai eu des probl?mes avec ?a. On me disait: vient aux courses cantonales, ?a va amener des gens... Et puis quand tu gagnes, c?est le bordel! Ouais, le pro, il se la joue... Alors que je n?ai jamais mis un dossard, jamais touch? une prime! Si je viens, je roule. Celui qui veut peut prendre ma roue. S?il se fait l?cher, c?est son probl?me. Mais il y a partout des dents qui grincent, sur Vaud, Fribourg et... Neuch?tel! Je ne veux pas faire la gu?guerre, c?est juste path?tique. Ils ont un pro dans le canton et ils arrivent ? le faire partir...

Qui sera le favori du Tour de France?

S. Z.: Le leader de Phonak, Basso, Valverde, Evans, Vinokourov... Ullrich? Il sera dans les cinq. On dit qu?il est gros, mais moi je ne l?ai pas vu gros. Et le Tour est dans deux mois...

Vous allez ?tre papa cet ?t?. La famille va-t-elle l?emporter sur le v?lo?

S. Z.: Ce sera beau, mais le boulot reste le boulot. Je vais continuer ? aller bosser, comme un ouvrier. Sauf que je suis loin 200 jours par an. Ce sera toujours plus difficile de partir. De janvier ? mars, j?ai pass? 10 jours chez moi. Au bout d?un moment, tu te dis: j?habite o?, d?j?? / PTU

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