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Duca ne se la raconte pas

Chaque année, Ambri-Piotta alimente généreusement les équipes invitées à la Coupe Spengler. Cette fois, la lanterne rouge de LNA a fait très fort: elle a cédé Paolo Duca, son joueur le plus emblématique, au HC Davos. Les fans léventins vouent un véritable culte à l'attaquant de 28 ans.

29 déc. 2009, 04:15

«C'est quoi, toutes ces questions? C'est pour écrire ma biographie?» Sanguin et charismatique, dans la vie ou sur la glace. C'est Paolo Duca. Le regard aussi sombre que franc, la pensée claire. C'est Paolo Duca. Le joueur-culte d'Ambri-Piotta, l'âme d'un club. «Moi, joueur-culte? C'est n'importe quoi! Une équipe, c'est 25 gars. D'accord, je suis capitaine, topscorer et je joue en Léventine depuis plusieurs années, mais cela ne fait pas de moi un joueur différent de n'importe lequel de mes coéquipiers.»

Paolo Duca, un dieu si humain, une religion à lui seul. Ce statut unique dans le hockey suisse d'aujourd'hui, le citoyen d'Ascona le doit autant à son attitude qu'à son jeu intense. Un puck vit jusqu'au coup de sifflet de l'arbitre, c'est sa philosophie. Sa fidélité, aussi, contribue à sa légende. Soit, il a quitté la Léventine entre 2001 et 2007. Aux ZSC Lions (2001-02) puis à Zoug (2002-07), il s'est construit. La signature, en début de saison, d'un contrat faisant de lui un «biancoblu» jusqu'en 2014 a achevé de dessiner les contours de son mythe. «Le club essaie de créer quelque chose de solide sur la durée», commente-t-il. Comme Paolo Duca, la rénovation de la vétuste Valascia fait partie du projet.

Mais la réalité du hockey est plus crue. Largués en LNA, les Léventins sont des abonnés fidèles à la lanterne rouge. La relégation en LNB… «Je n'y pense pas, parce que cela ne va jamais arriver», coupe fermement Paolo Duca. Le hockey suisse perdrait un club qui fascine, le Tessin des soirées de feu entre frères ennemis. «Je ne dis pas ça contre les équipes de football de Bellinzone, Lugano et Locarno, mais le Tessin est un canton de hockey sur glace», reprend Paolo Duca. «Lors des derbies entre Lugano et Ambri, il y a une telle passion… Le temps d'un soir, chaque Tessinois doit choisir: il est Luganais ou Léventin!»

Dans le ton d'un des plus beaux antagonismes du hockey suisse, la TSI a récemment produit un spot étonnant afin de promouvoir la diffusion en direct d'un derby. Il mettait en scène les capitaines de deux clubs que tout oppose. «J'étais sur un tracteur et Andy Näser sur un bateau», rigole Paolo Duca. «On a détourné l'image que les fans se font des deux équipes, les paysans contre les gens riches de la ville. L'idée était également de dédramatiser la portée d'un derby. Le hockey reste un sport et si la rivalité entre les deux clubs est énorme, elle doit rester sur la glace et dans la patinoire.»

Etudiant en économie à l'Université de Lugano - «Ils acceptent même les Léventins!» -, Paolo Duca alimente aujourd'hui son intarissable soif de hockey à la Coupe Spengler. «Depuis plusieurs années, j'avais envie de participer au tournoi, mais cela ne s'était jamais concrétisé. Les Davosiens ont l'habitude de voir des joueurs débarquer le temps du tournoi. Dès que j'ai posé mon sac dans leur vestiaire, j'ai eu l'impression de jouer pour ce club depuis dix ans.»

En quelques jours, Paolo Duca est passé de l'horrible Bienne - Ambri de mercredi dernier, un des pires matches depuis l'invention de la LNA, à l'ivresse du jeu de la Coupe Spengler. Il s'est adapté à coup d'émotions. Qu'importe le chandail, il mérite d'être mouillé. Et respecté. C'est ça, Paolo Duca. /LKL

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