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Un procédé courant

04 juil. 2009, 11:10

ECLAIRAGE - Par Raffaele Poli, chercheur au CIES, docteur de l'Université de Neuchâtel

Si les règlements internationaux prévoient que les droits de transfert ne peuvent appartenir qu'aux clubs, cela est de moins en moins le cas. L'argent retiré de la vente d'un footballeur tombe de plus en plus dans les caisses d'agents et autres intermédiaires qui spéculent sur des joueurs en devenir.

Une des nombreuses stratégies que déploient les agents pour empocher la somme de transfert à la place d'un club est de l'«amateuriser» temporairement. En effet, l'indemnité de transfert qu'un club professionnel doit payer à une autre équipe professionnelle pour engager un joueur, même junior, est beaucoup plus importante que si le joueur est recruté depuis un club amateur. Travaillant d'entente avec les dirigeants du club amateur, l'agent a alors tout le loisir de négocier une somme de transfert pour son propre compte et d'obtenir un pourcentage conséquent sur la revente du joueur. Ce procédé a été déjà utilisé par le passé.

Les supporters de Xamax se rappellent qu'avant d'atterrir à Neuchâtel, le Sénégalais Papa Bouba Diop avait été «parqué» pendant six mois à Vevey-Sports. Orchestrée par l'agent, cette manœuvre visait à éviter de payer une somme de transfert au club d'origine, le Jaraaf Dakar. Finalement, le joueur n'avait pas pu être enregistré pour des questions administratives et, suite à une plainte du Jaraaf Dakar ayant abouti jusqu'au Tribunal arbitral du sport, Neuchâtel Xamax avait été sommé de payer. Le comble de l'histoire est que le club neuchâtelois n'avait touché qu'une petite partie de la plus-value réalisée lors du passage de Bouba Diop à Grasshopper, le reste ayant été empoché par l'agent au centre de l'affaire. Plus récemment, on se rappelle que le Franco-Sénégalais Bakharé Sakho a aussi transité par Vevey-Sports avant de rejoindre Neuchâtel.

En se laissant entraîner vers des clubs de bas niveau, les joueurs prennent le risque de ruiner leur carrière. Par exemple, le Camerounais Hervé Towa avait accepté de quitter le centre de formation du FC Sion pour rejoindre Châtel-Saint-Denis, puis Lausanne-Sports, clubs évoluant alors en deuxième ligue interrégionale. Aujourd'hui, malgré un talent hors du commun, Towa évolue en première ligue. S'il n'avait pas quitté Sion, sa carrière aurait probablement été toute autre, ce qui aurait aussi arrangé les affaires de son agent de l'époque. Hélas, les cas où les intermédiaires font passer les aspects financiers avant les aspects sportifs ne sont pas rares.

L'histoire de Freddy Mveng rappelle étrangement celle d'Hervé Towa. Au-delà du talent, il lui faudra une force de caractère extraordinaire pour rebondir après avoir troqué une filière d'élite pour l'ambiance bucolique de la troisième ligue.

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