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Mondial 2022 au Qatar: les migrants sont toujours exploités sur les chantiers des stades

Malgré les dénonciations répétées d'Amnesty International, des migrants sont toujours exploités sur les chantiers du Mondial 2022 au Qatar. Si des améliorations ont été constatées par l'ONG, elle met le doigt sur de très nombreuses irrégularités.

30 mars 2016, 16:38
/ Màj. le 31 mars 2016 à 06:30
Les chantiers des stades du Mondial 2022 son dans le collimateur d'Amnesty.

Amnesty International (AI) réitère ses critiques à propos de l'exploitation d'ouvriers migrants sur le chantier d'un des principaux stades du Mondial de football 2022 au Qatar. Les griefs sont nombreux: travail forcé, logements sordides ou tromperie sur les salaires.

Dans un nouveau rapport publié jeudi, AI fustige l'indifférence de la Fédération internationale de football (FIFA) "face au traitement révoltant réservé aux travailleurs migrants". Ce d'autant que le nombre de personnes qui oeuvrent sur les sites "va presque être multiplié par dix" pour atteindre, selon son décompte, "le chiffre de 36'000 environ au cours des deux prochaines années".

D'après la secrétaire général d'AI, Salif Shetty, "après avoir fait des promesses durant cinq ans, la FIFA a en grande partie manqué à son devoir d'empêcher que la Coupe du monde ne soit bâtie sur un socle d'atteintes aux droits humains."

Plus de 230 entretiens

Entre février et mai 2015, AI a interrogé plus de 130 migrants des chantiers de rénovation du Khalifa International Stadium de Doha, qui doit accueillir l'une des deux demi-finales du Mondial 2022. Des entretiens ont aussi été réalisés auprès de 99 migrants travaillant sur l'aménagement des espaces verts entourant le complexe de l'Aspire Zone, où le Bayern Munich, Everton et le Paris Saint-Germain se sont entraînés cet hiver.

Ces entretiens concernent surtout des ouvriers du Bangladesh, d'Inde et du Népal, principaux pays fournisseurs de main-d'oeuvre.

Il en ressort qu'un certain nombre d'abus ont été observés: logements sordides et surpeuplés, tromperie sur les rémunérations ou sur le type de travail offert, absence de salaires durant plusieurs mois, permis de séjour non délivrés et non renouvelés, confiscation de passeport. De plus, des ouvriers ont indiqué avoir reçu des menaces "parce qu'ils s'étaient plaints de leur situation".

Travail forcé

L'ONG a rassemblé des éléments prouvant que des cadres d'une entreprise de fourniture de main-d'œuvre - qu'elle ne nomme pas - ont menacé des migrants de leur imposer des pénalités afin de les obliger à travailler. "Ils ont notamment menacé de retenir leur salaire, de les livrer à la police ou de les empêcher de quitter le Qatar. De telles pratiques constituent une forme de travail forcé aux termes du droit international", juge Amnesty.

Afin d'assurer un suivi dans ce dossier, les enquêteurs d'AI sont retournés au Qatar en février dernier et ont constaté que certains ouvriers avaient été relogés dans de meilleures conditions. Des entreprises ont par ailleurs répondu aux injonctions d'AI en rendant leur passeport à plusieurs ouvriers.

Reste que tout n'a pas été réglé. Des travailleurs continuent de subir des menaces et de vivre dans un climat de peur, note le rapport. Ces menaces "sont axées sur le système de parrainage appelé 'kafala' au Qatar", détaille AI.

En vertu de ce système, les migrants ne peuvent changer de travail ou de pays que si leur employeur (ou parrain) les y autorise. Une réforme de ce système de parrainage a cependant été annoncée à la fin de l'année dernière.

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