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Les matches truqués ne sont que la pointe de l'iceberg

Le monde du ballon rond est secoué depuis plusieurs jours par le scandale de 200 matches truqués. La Suisse, particulièrement la Challenge League, n'a pas été épargnée. La Ligue des champions, d'autres compétitions européennes ou nationales ont aussi été touchées. Cette affaire n'étonne pas l'expert Jens Sejer Andersen.

27 nov. 2009, 11:52

«Un tel scandale devait éclater tôt ou tard», explique Jens Sejer Andersen, co-fondateur de la fondation Play the Game (www.playthegame.org), œuvrant pour la transparence et la démocratie dans le sport. «Depuis 2005, nous étudions ces phénomènes de tricherie et de corruption dans le sport. Notre association réunit des représentants de 140 pays. De nombreux dirigeants sportifs nous consultent régulièrement sur ces problèmes.»

Ce Danois cite aussi le travaille du journaliste canadien Declan Hill. «Son livre - «Comment truquer un match de football» - est très éloquent sur la question», relève Jens S. Andersen. L'auteur canadien soutient, notamment, que quatre matches qualificatifs pour la Coupe du monde 2006 avaient été arrangés. Il rappelle que le phénomène n'est pas nouveau.

Souvenons-nous des scandales du Totonero en Italie dans les années 1980. Declan Hill parle aussi de matches truqués dans les années 1960 en Angleterre. Des anciens tricheurs évoquent de nombreuses affaires dans le football, mais aussi dans d'autres sports, surtout aux Etats-Unis.

Michaele Franzese, impliqué dans un réseau de corruption sportive en Floride, a raconté ses méthodes lors de plusieurs conférences, dont une organisée par Play the Game («Sport et Vie» de ce mois). En clair: il n'y a, presque, rien de plus facile que de piéger un sportif. Argent, sexe, drogue, tout peut être utilisé pour le corrompre.

Ces enquêtes ou témoignages démontrent que le phénomène est global. «Ce scandale est la pointe de l'iceberg», estime Jens S. Andersen. «Le monde des paris sportifs a drainé plus de 500 milliards de francs en 2008. Seule une centaine de milliards sont sous contrôle des différentes instances internationales.»

Ce «contrôle» est très relatif. «Il est très difficile d'identifier les parieurs», note Jens S. Andersen. Ces systèmes de surveillance sont faciles à détourner selon plusieurs observateurs. «Pour combattre ce phénomène efficacement, il faudrait créer une institution similaire à l'Agence mondiale antidopage. Les instances sportives doivent coopérer avec la police et les autorités civiles. Un séminaire a réuni les responsables de l'UEFA et le Conseil de l'Europe en 2006.»

Selon Jens S. Andersen, l'UEFA est la seule organisation sportive à combattre réellement le phénomène des paris truqués et la corruption. «Ses moyens sont hélas limités», souligne-t-il. «Cela revient à combattre un ouragan avec une tapette à mouche. Le football n'est, de loin, pas le seul sport concerné. Plusieurs scandales ont éclaboussé le monde du cricket, du baseball ou du basketball. Les possibilités de tricher sont énormes. Le monde du sport possède une capacité à produire des scandales presque aussi grande que celle à créer des surprises. Certains sites de paris sur internet ont réagi face à ce problème, mais leur action est trop limitée.»

Le débat est donc vaste. L'actuel scandale ébranlant le football est l'arbre qui cache la forêt et place les autorités sportives devant leurs responsabilités. «Il faut éviter de faire l'autruche», avertit Jens S. Andersen. Il paraît difficile de botter en touche. /JCE

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