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La renaissance portugaise

02 nov. 2011, 10:08

Halloween, rue Do Alecrim. La jeunesse lisboète se change en diables. Des nuées de zombies battent le pavé blanc. Pourtant, le ciel ne veut pas de cette fête bâtarde. L'averse redouble et, déjà, la pluie avachit les grimages. Le Dracula du coin, aplati sous un parapluie, la tête vissée dans les épaules, ne fait plus peur à personne. La parenthèse costumée se referme et les réalités quotidiennes - celles de la crise, de la dette et de la banqueroute si redoutée - reprennent la main et occupent plus que jamais la «une» des gazettes.

Si l'économie portugaise a un genou à terre, il est un domaine où le pays fait encore illusion: le football. L'indice UEFA place le championnat portugais au sixième rang de la hiérarchie européenne, en progression de trois places, derrière les quatre intouchables (Angleterre, Espagne, Allemagne, Italie) et la France. Au Portugal, les grosses écuries du pays nagent à nouveau en pleine euphorie. Et se découvrent même, une décennie après l'Angleterre et l'Italie, des problèmes de riches. Problème de riches? Celui de ne plus aligner de joueurs de nationalité portugaise au profit de jeunes mercenaires essentiellement issus d'Amérique du Sud. Ailleurs, l'Inter et Arsenal ont ouvert la voie. Aujourd'hui ce sont Benfica, Porto, Braga et même le Sporting, resté longtemps un bastion ibérique, qui ont cédé à la tentation.

Il y a deux semaines, au parc Saint-Jacques, on se souvient qu'aucun joueur lusitanien ne figurait dans le onze de départ de Benfica. Un choix que l'entraîneur Jorge Jesus assume sans sourciller: «Pour moi, il n'y a pas de joueurs étrangers, ni de Portugais. Je prends les onze meilleurs pour chaque match.» Limpide.

Confortables plus-values

Décrié, le modèle portugais a pourtant fait ses preuves. D'un côté, un recrutement pointu outre-Atlantique - pour beaucoup le meilleur d'Europe -, de l'autre, des entraîneurs bien portugais cette fois, dont la cote n'a jamais été si élevée sur le Vieux Continent. Ces dernières années, on ne compte plus le nombre de joueurs argentins et brésiliens qui ont transité par Benfica ou Porto avant d'être engagés par des clubs plus argentés, laissant au passage de substantielles plus-values dans les caisses de leurs premiers employeurs européens.

Pour exemple, Benfica a déniché un David Luiz en troisième division brésilienne, avant de le revendre pour trente millions à Chelsea quelques années plus tard. Même topo pour l'Argentin Angel Di Maria, cédé 25 millions d'euros au Real alors qu'il n'en avait coûté que trois. Benfica touchera également le pactole lors du futur transfert de Gaitan. L'international argentin vient de rempiler pour une saison supplémentaire à l'Estadio da Luz. Son contrat court désormais jusqu'en juin 2016, avec une clause libératoire fixée à 45 millions d'euros. Le matelas est confortable et, en attendant de toucher ses rentes, Benfica a tout loisir de profiter de ses jeunes mercenaires dans l'espoir de retrouver - sur le terrain cette fois - son lustre d'antan.

Si, contrairement aux Français, les Portugais savent profiter de leur championnat «intermédiaire» pour briller à nouveau sur la scène européenne, ils le doivent également à une génération d'entraîneurs talentueux, charismatiques et fin tacticiens, qui, dans le sillage de José Mourinho, ont décomplexé le football lusitanien. La saison dernière, Ligue des champions et Europa League confondues, quatre des huit entraîneurs qualifiés pour les demi-finales étaient portugais: Mourinho (Real Madrid), Villas Boas (Porto, à Chelsea aujourd'hui), Jorge Jesus (Benfica) et Paciencia (Braga, passé au Sporting). Parler de triomphe de l'école portugaise n'est pas usurpé.

De ce quatuor, Jorge Jesus (57 ans) est le seul ancien, à ne pas avoir éclos sitôt sa carrière de joueur achevée. Avant de se voir offrir les rênes de l'équipe la plus populaire du pays, il a écumé les clubs de province avec des expériences plus ou moins heureuses. Si Jesus n'a pas le profil de jeune premier de ces condisciples, il en a la foi, la morgue et l'orgueil. «J'ai dit que j'allais être champion et je l'ai fait (2010). Maintenant, je vous annonce que je serai champion d'Europe. Je ne sais pas si je le serai avec Benfica, mais je le serai.» Voilà le FC Bâle averti.

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