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L'UEFA occulte l'inflation salariale

Aucun projet réglementaire n'est prévu. Il est pourtant admis que les rémunérations des joueurs sont à l'origine du déséquilibre financier des clubs.

30 mars 2011, 09:24

L'UEFA a-t-elle renoncé à l'instauration d'un plafonnement des salaires? Grand artisan du projet de fair-play financier, Michel Platini avait plaidé en faveur d'un salary cap à l'américaine, il y a deux ans devant le Parlement européen.

A l'heure de l'intervention de Michel Platini à Bruxelles, peu nombreux sont ceux qui pensaient qu'il allait être entendu. Deux ans plus tard, on ne peut que constater que la lutte contre l'inflation des rémunérations des joueurs ne s'érige toujours pas comme une priorité.

A quelques mois de l'entrée en vigueur du concept visant à exiger des clubs une vraie rigueur budgétaire, on note que celui-ci se concentre surtout sur les limites de l'endettement et sur la restriction des apports de capitaux de mécènes extérieurs. Mais qu'il ne va pas instaurer de plafonnement des salaires.

Dans le milieu, il est pourtant depuis longtemps entendu que ce sont essentiellement les rémunérations qui sont à l'origine des déséquilibres financiers des clubs. Dans son dernier rapport de benchmarking, qui recense les données récoltées pour 2009, l'UEFA parle même de «détresse financière». Une situation «pas si morose», préfère pondérer l'association. Même si globalement «les chiffres ne sont guère réjouissants».

Alors que jusqu'ici, les revenus, les salaires et la rentabilité des clubs européens n'étaient fournis que sur une base ad hoc, la nouvelle procédure d'octroi de licence a permis d'offrir un aperçu détaillé de la situation financière des clubs. Il en ressort que le ratio déterminant, celui qui calcule le rapport entre les frais de personnel et les revenus, est passé de 61% à 64% en une année. Les frais de personnel ont augmenté en moyenne de 8%. Mais d'au moins 10% dans les plus grands clubs européens. Ils progressent beaucoup plus rapidement que les revenus, qui ont marqué une belle résistance à la crise, mais dont la croissance s'est tout de même réduite de moitié entre 2008 et 2009 (de presque 10% à 4,8%). En d'autres termes, même si les clubs sont jusqu'ici parvenus à améliorer leur chiffre d'affaires, ils n'arrivent toujours pas à combler le déficit structurel issu de l'inflation des masses salariales.

«Pour contrôler les salaires, il faudrait imposer une masse salariale à hauteur de 55% des revenus», avance Olivier Ferrand. «Comme dans les quatre grandes ligues de sport professionnel américaines.» Un tel système serait toujours moins régulateur qu'aux Etats-Unis, «mais il réglerait une partie du problème». Selon les dernières données récoltées par l'UEFA, la masse salariale des clubs représente 62% des revenus en Angleterre et 72% en Italie, par exemple. Et le nombre de championnats nationaux où ce ratio est supérieur à 70% est passé de 10 à 15. Au total, près de 250 clubs (38%) ont dépassé ce seuil. Plus grave, une bonne moitié des 53 associations de l'UEFA comptait au moins un club présentant un rapport salaires/revenus de plus de 100%. Un tel niveau concerne 73 clubs européens. Parmi les pays à la ligue nationale les plus bancales, on peut citer la Serbie, la Géorgie (120%) ou encore la Russie (92%). /SPE

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