Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Coupe du monde 2006 en Allemagne: pas de preuves d'un achat de voix, mais Beckenbauer en eaux troubles

La Fédération allemande de football a commandé un gigantesque rapport à un l'institut indépendant Freshfields sur les soupçons de corruption autour de l'attribution de la Coupe du monde 2006. Aucune trace d'achats de voix n'a pu être formellement établie, mais le nom Franz Beckenbauer, alors président du comité de candidature, apparaît dans un transfert de 6,7 millions de francs vers le Qatar.

04 mars 2016, 14:39
/ Màj. le 04 mars 2016 à 15:10
Platini, Blatter, Beckenbauer, des noms que la FIFA voudrait oublier.

Pas de preuve mais des soupçons: l'Allemagne reste suspectée d'avoir acheté son Mondial de foot en 2006 après un rapport d'experts publié vendredi qui met en lumière les relations troubles entre le "Kaiser" Franz Beckenbauer et de sulfureux responsables de la FIFA. "Nous n'avons pas trouvé de preuve d'achat de votes mais nous ne pouvons l'exclure", a expliqué lors de la présentation de son rapport à Francfort le cabinet d'avocat Freshfields, engagé par la Fédération allemande de football (DFB) pour enquêter sur un versement opaque de 10 millions de francs.

L'hebdomadaire "Der Spiegel" avait jeté un pavé dans la mare en octobre 2015 en affirmant que l'Allemagne était soupçonnée d'avoir utilisé un fonds secret de 10 millions de Francs suisses pour acheter des voix et obtenir l'organisation du Mondial 2006 remportée d'une courte marge (12 voix contre 11), aux dépens de l'Afrique du Sud. Ce fonds aurait été alimenté, à la demande de l'idole du foot allemand Franz Beckenbauer, par l'ancien patron d'Adidas, le défunt Robert Louis-Dreyfus.

Le "Kaiser" est au coeur de l'affaire en tant que président du comité de candidature puis d'organisation du Mondial 2006. L'un de ses proches, Wolfgang Niersbach, a été contraint de démissionner de la présidence de la DFB en raison de ce scandale qui ternit la réputation du "conte d'été", surnom que les Allemands ont donné à la compétition. "Bien que je n'ai lu l'intégralité du rapport (...), je me sens renforcé dans ma conviction qu'il n'y a pas eu d'achat de voix lors de l'attribution du Mondial", a réagi M. Niersbach.

Si le cabinet Freshfields n'a pas trouvé de preuves de corruptions, il a levé le voile sur une multitude de faits troublants. Il établit dans son rapport de 360 pages que les 10 millions de francs provenaient bien des comptes de Louis-Dreyfus et que ces fonds sont arrivés sur le compte d'une société au Qatar, qui "selon des informations de presse est sous l'influence de Mohamed bin Hammam", un ex-membre du comité exécutif de la FIFA banni à vie du football en 2011 pour corruption.

Par ailleurs, six autres millions de francs suisses ont été versés au Qatar depuis un compte contrôlé par Beckenbauer et l'un de ses conseillers. La somme leur a ensuite été restituée. Les 6,7 millions d'euros de la DFB (10 millions de francs suisse) "sont arrivés au Qatar (...) mais dire (à quoi ils ont servi) relève de la spéculation, or nous avons été chargés d'établir des faits", a dit M. Duve. Ces virements ont cependant été faits en 2002, soit deux ans après l'attribution du Mondial à l'Allemagne.

Le cabinet d'avocats s'interroge aussi sur un projet de contrat entre Franz Beckenbauer et l'ex patron de la Concacaf, le sulfureux Jack Warner, prévoyant des prestations en faveur du Trinidadien, désormais suspendu à vie pour corruption. La raison pour laquelle, "quatre jours avant l'attribution à l'Allemagne du Mondial", un accord entre Franz Beckenbauer, pour la DFB, et Jack Warner, pour la Concacaf, a été signé reste "mystérieuse", relève le rapport. Le cabinet d'avocats a aussi indiqué avoir rencontré des obstacles dans son enquête: "Des données électroniques manquaient, nous n'avions pas accès à des dossiers et documents physiques et des personnes qu'on aurait voulu interroger n'ont pas voulu ou pu l'être", comme le patron déchu de la FIFA Sepp Blatter.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias