Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Une guerre des leaders en vue chez Astana

Flanquée de Contador, d'Armstrong ou encore de Leipheimer, la formation dirigée par Johan Bruyneel compte au moins trois coureurs de premier plan. Tendon d'Achille du colosse kazakh: un leadership nébuleux, officiellement déposé sur les épaules d'Alberto Contador.

04 juil. 2009, 11:33

Astana est un colosse aux pieds d'argile. La «Dream Team» dirigée par Johan Bruyneel a un point faible, celui d'un leadership difficile à déterminer pour le technicien belge. La casquette du chef est en tous les cas bien plus ardue à distribuer que les basses œuvres attribuées, entre autres besogneux, au rouleur suisse Grégory Rast. Un problème de riche pour une équipe suroutillée qui, outre le trio Contador-Armstrong-Leipheimer, peut encore compter sur des éléments de première classe. comme le polyvalent Allemand Andreas Klöden ou le grimpeur basque Haimar Zubeldia. Surdosage de talents et donc d'egos, ce collectif risque l'implosion sur ce Tour de France 2009. «Si c'est le cas, ce serait marrant de voir ça», lâche Bjarne Riis, le directeur sportif de la Saxo Bank, un rival qui espère la guerre chez des voisins qui laissent transparaître quelques signes d'une discorde larvée.

Aujourd'hui, Alberto Contador a les résultats qui l'investissent de la veste du leader. «Je sais que je suis le favori numéro un, mais la pression me motive. Je suis un coureur plus solide que lors de ma victoire de 2007 où j'avais pu compter sur l'effet de surprise», assume le Madrilène. L'argument sportif a fondé le choix opéré par Johan Bruyneel de faire de l'Espagnol de 26 ans son numéro un au départ de Monaco. Une décision que l'on ne sent pourtant pas totalement assumée dans les propos du Belge.

Hier, la langue de bois était omniprésente lors d'une conférence de presse ultrabondée tenue dans le bunker du forum Grimaldi. «Notre numéro un, c'est Alberto. Ses trois victoires dans les trois grands tours (Tour de France 2007, Tour d'Espagne 2008 et Tour d'Italie 2008) en font notre leader naturel», avance poliment Bruyneel, qui indique tout de même que le contre-la-montre d'aujourd'hui «donnera une bonne indication sur qui est le plus fort». La porte n'est donc probablement pas fermée pour Lance Armstrong si Contador devait fléchir.

L'Américain paraît en tout cas apporter un soutien plutôt discret à son leader et la décision de Bruyneel ne semble pas avoir été communiquée avec force à l'interne. Et l'on sait que le septuple vainqueur du Tour de France n'a pas le gène de la soumission. «J'ai demandé des explications à Johan, parce que s'il y a un leader, c'est mieux que tout le monde le sache. Il vaut mieux être ouvert et honnête. On dit qu'il y a un leader, et c'est fait, tout le monde travaille pour lui. Mais cette discussion n'a pas eu lieu», expliquait Lance Armstrong hier dans L'Equipe.

Le peu d'affinités qu'entretiennent les deux coureurs n'est un secret pour personne. La relation hispano-américaine n'est pas gelée, mais bien froide. Johan Bruyneel justifie ce désert communicationnel par le fait que les deux champions ne se sont quasiment jamais fréquentés en course. «Il n'y a pas eu beaucoup d'opportunités pour eux de mieux se connaître. Ils se sont côtoyés un jour sur le Tour de Castille-et-Leon (réd: Armstrong avait abandonné dès le premier jour après une fracture de la clavicule). Il y a aussi la barrière de la langue, des différences culturelles, mais Alberto parle beaucoup mieux anglais qu'on ne le pense», expliquait Bruyneel, alors que l'Espagnol se faisait immédiatement traduire cette affirmation par une interprète...

La pression est clairement sur Alberto Contador et une défaillance de sa part, comme lors du dernier Paris-Nice, pourrait venir redistribuer ces premières cartes. Johan Bruyneel n'en a sûrement pas fini avec cette géopolitique du leadership. Il aura sans doute encore beaucoup de travail pendant trois semaines pour faire cohabiter ces deux egos. Sans oublier celui de Levi Leipheimer, qui est aussi capable de mettre le grabuge chez Astana. /FMA

Votre publicité ici avec IMPACT_medias