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«Une évolution inquiétante»

23 sept. 2011, 10:45

«Cette évolution est inquiétante pour les coureurs.» Gianni Bugno, président du syndicat des cyclistes professionnels, avoue une certaine préoccupation. L'ancien champion italien constate que les places dans le World Tour vont diminuer de façon drastique au rythme des nouvelles alliances entre certains grands teams. Rappel: après la fusion entre Garmin et Cervélo en 2010, Omega-Pharma-Lotto et Quick Step, puis Leopard-Trek et RadioShack ont décidé de se marier cette année. En tout, une cinquantaine de cyclistes pourraient rester sur le carreau à la fin de la saison.

«Nous devons affronter ce problème avec l'UCI (Union cycliste internationale)», reprend Gianni Bugno. «Les contrats des coureurs doivent être respectés. Il faut un minimum de garanties lorsqu'un cycliste conclut une entente et que son équipe disparaît ou fusionne. Il faut étudier une modification du règlement et des accords paritaires.»

Plus globalement, cette «fusionite» n'enchante pas beaucoup de monde dans le milieu. «Voir une équipe no 1 mondiale disparaître n'est jamais bon signe», lâche Gianni Bugno. «Les budgets de plus en plus élevés poussent les équipes à trouver des solutions pour les financer.»

L'UCI vigilante

Leopard-Trek et RadioShack ont réussi à le faire en s'associant avec un nouveau sponsor (Nissan). Mais il n'est pas certain que le patron de Cancellara, Flavio Becca, soit en mesure de respecter tous ses engagements (lire ci-dessous).

Philippe Chevallier, responsable du cyclisme sur route à l'UCI, est «interpellé» par cette évolution. «Nous restons très vigilants», relève-t-il à Copenhague. «Nous suivons la situation de près, mais nous sommes souvent prévenus de ces changements très tardivement. Il faut analyser tout ça pour le futur. Mais nous essayons de répondre au mieux aux demandes des coureurs.»

Pas forcément inquiet pour le World Tour, Philippe Chevallier attend la fin de la procédure d'enregistrement (en novembre) pour tirer un bilan. «Pour l'instant, nous avons reçu 22 demandes de licence», précise-t-il. A première vue, 18 équipes devraient obtenir leur sésame pour 2012. Treize d'entre elles ont déjà l'assurance de participer aux épreuves de ce circuit mondial.

«Emplois plus sûrs»

Du côté des équipes, les voix sont parfois discordantes. En tout cas, Jonathan Vaughters, représentant des teams auprès de l'UCI, n'est pas traumatisé. Il faut dire que l'Américain avait montré l'exemple en 2010 en fusionnant sa formation Garmin avec Cervélo. «Dans le monde des affaires, ce genre d'accords intervient de plus en plus souvent», relativise-t-il. «Ces fusions renforcent les équipes et permettent d'établir des plateformes plus stables. D'autres vont suivre le mouvement.»

Quand on parle des places perdues pour les coureurs, Jonathan Vaughters ne s'émeut pas vraiment. «C'est vrai que certains vont perdre leur job», admet cet ancien cycliste. «Mais les emplois seront peut-être plus sûrs pour ceux qui conserveront leur poste.»

Une façon très pragmatique de voir les choses. Le vélo est vraiment entré dans l'ère du business moderne. Pas sûr qu'il faille s'en réjouir.

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