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Rôles inversés à Mûr-de-Bretagne

06 juil. 2011, 09:50

Sur le papier, ça n'avait l'air de rien. Deux kilomètres d'ascension, une paille dans un Tour de France qui en compte bien plus de 3000. Mais ces deux kilomètres-là, s'ils ne changeront pas la face du Tour, valent leur pesant d'enseignements.

D'abord, ils démontrent que Cadel Evans est dans une forme du tonnerre. L'Australien, le mieux placé de tous les favoris, s'est imposé au sprint au sommet de la bosse, brûlant la politesse à un certain... Alberto Contador. Excusez du peu! Quant à ce dernier, décrié pour s'être laissé piéger lors de la première étape, il a permis de créer une - petite - sélection en attaquant deux fois. Plus que les quelques secondes qu'il grignote à ses rivaux - six à Bradley Wiggins, huit à Andy Schleck -, c'est son attitude qui augure une grosse réaction ces prochains jours.

«Huit secondes, ce n'est rien par rapport à ce que j'ai perdu le premier jour», nuance-t-il. «Mais ça me permet de réduire un peu l'écart. C'est donc positif. De toute façon, il y aura d'autres possibilités pour refaire mon retard. Ces secondes sont aussi importantes pour le moral de l'équipe. C'était une bonne journée. Je ne sais pas si je peux gagner le Tour. Mais je suis ici pour ça et je vais tout faire ce qui est en mon pouvoir pour y arriver.»

C'est donc en accélérant à 1,3 kilomètre de l'arrivée, là où les pourcentages étaient les plus élevés - près de 10% -, que l'Espagnol a fait exploser le groupe de tête. Fidèle à son habitude, Cadel Evans s'est donc accroché dans sa roue avant de répondre à une deuxième attaque et de garder un léger avantage sur la ligne, quand bien même Contador avait déjà levé un bras. «Je ne pensais pas gagner», avoue l'Australien. «Pour être franc, j'attendais de cette journée de connaître un minimum de problèmes, de ne pas lâcher de temps et, éventuellement, de gagner quelques secondes sur certains rivaux. La victoire, c'est donc une belle surprise. Je l'apprécie d'autant plus que j'ai assez souvent été deuxième ou troisième ces dernières années...»

Parce qu'il a souvent été malheureux en France, qu'il s'est incliné deux fois pour quelques secondes - 23 en 2007, 58 en 2008 -, Cadel Evans sait bien que la route est encore longue. «Le classement général se jouera lors des dix derniers jours», rappelle-t-il. «Mon avance au général n'est que du bonus. Elle donne surtout confiance à l'équipe. Peut-être aussi que la roue a tourné et que la chance, désormais, est de mon côté.»

Les «grands» battus, cette fois, ont pour nom Andy Schleck et Bradley Wiggins. Certes, l'un n'a lâché que huit secondes, l'autre six. En terme de déficit purement comptable, ce n'est rien. Psychologiquement, toutefois, le Luxembourgeois confirme qu'il n'est peut-être pas si bien que ça. Que son contre-la-montre par équipes - il n'avait quasiment pas passé le moindre relais - préfigurait peut-être d'une forme hésitante. «J'ai essayé de gérer mon effort pour revenir dans le dernier kilomètre», explique Andy Schleck. «Mais je préfère des montées plus longues. Je n'ai pas le punch pour un sprint sur un kilomètre. Ce n'est évidemment pas optimal de concéder du terrain. En même temps, huit secondes, ce n'est pas grand-chose.»

Du coup, les doutes qui avaient entouré la performance d'Alberto Contador, lors de la première étape, se retournent vers son principal rival. «Moi, je n'ai jamais été inquiet pour lui», assène Andy Schleck. «Il a été malchanceux, c'est tout.»

De son côté, Thor Hushovd n'est décidément pas un sprinter comme les autres. Certes, parmi tous les spécialistes de la ligne droite, il est l'un de ceux qui passent le mieux les bosses. Il n'empêche qu'hier, le Norvégien a laissé derrière lui de purs grimpeurs. «Je crois bien que c'est ma meilleure performance dans une ascension, même modeste», sourit-il. «Je suis très fier d'être parvenu à suivre les grimpeurs.» Mieux. Le champion du monde a même entrevu la victoire. «Une seconde, c'est tout. A 400 mètres de la ligne, j'y ai pensé. Mais j'ai vite compris que ce ne serait pas possible parce que j'étais à bloc, au-delà de mes limites.»

Et parce qu'à côté de lui, aussi, Alberto Contador et Cadel Evans se tiraient la «bourre». «Quand j'ai vu qu'ils étaient devant, je n'avais plus qu'un seul objectif: m'accrocher et tenter de conserver mon maillot jaune. De toute façon, c'était quasiment ma seule idée en tête durant toute la journée. Maintenant, j'espère le conserver le plus longtemps possible. Ce doit être possible de le garder jusqu'à samedi.»

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