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Place au mythe

S'il ne devrait pas arrêter Alberto Contador dans sa marche en jaune sur Paris, le Mont-Ventoux décidera aujourd'hui des marches deux et trois du podium. Le géant de Provence s'annonce brûlant...

25 juil. 2009, 10:13

Le Mont-Ventoux (1912 m) consacrera-t-il définitivement Alberto Contador en vainqueur boulimique d'une Grande Boucle enfin débridée dans sa troisième semaine? Grimpeur virevoltant à Verbier et à la Colombière, l'Espagnol s'était fait prince des rouleurs jeudi dans le contre-la-montre du lac d'Annecy.

Aujourd'hui, le natif de Pinto peut enrober son deuxième sacre sur le Tour d'un panache absent de son millésime 2007, où il avait hérité d'un maillot jaune tâché par l'affaire Rasmussen (réd: le Danois avait été exclu par son équipe Rabobank alors qu'il était en tête du général). Une victoire au sommet du géant de Provence lui ouvrirait grand le Panthéon des cyclistes. «Si j'avais le maillot jaune et un tel état de forme, je viserais la victoire au Ventoux», fantasme Hendrik Redant, directeur sportif de la Silence-Lotto.

Le Belge n'est pas dans la tête d'Alberto Contador. Mais il pressent les envies qui grésilleront cet après-midi dans la caboche du maillot jaune. Si le Madrilène veut définitivement démontrer sa toute-puissance, c'est au sommet du Ventoux qu'il doit flinguer. Avec un bonus de plus de quatre minutes sur Andy Schleck (2e à 4'11''), le vainqueur du Giro et de la Vuelta 2008 n'a plus rien à craindre. «Contador voudra gagner au Ventoux pour mettre définitivement les points sur les ‹i›. Le Ventoux, c'est si prestigieux. Ce sera dur de l'en empêcher», poursuit Redant, qui mise, sans trop y croire, sur ses poulains Jürgen Van den Broek et Cadel Evans pour la victoire d'étape.

Avant la conquête du grand chauve, Alberto Contador pensera d'abord à gérer l'acquis. L'ascension vers les crêtes pelées du roc provençal est toujours ardue et la défaillance, dans cette moiteur plus qu'ailleurs (plus de 40 degrés annoncés aujourd'hui), peut tout dézinguer. «Si tu prends un éclat dans le Ventoux, tu perds les minutes bien plus vite que tu les as gagnées», avertissait Bernard Hinault en début de Tour. «Avec le stress exacerbé d'un Tour de France qui approche de la fin, tu peux commettre l'erreur fatale», poursuivait «Le Blaireau» aux cinq Tours de France (1978, 1979, 1981, 1982 et 1985). Le Ventoux, dessert brûlant et cuisiné pour être décisif par les organisateurs, a bien baissé en température depuis que l'Espagnol, maillot jaune orgiaque, est venu refroidir les ardeurs adverses sur tous les terrains. «Contador va calquer sa course sur celle d'Andy Schleck», analyse Jacques Michaud, l'ancien directeur sportif de Phonak, trahi par Landis en 2006. Le Français, vainqueur sur le Tour en 1983 lors de l'étape Bourg d'Oisans - Morzine, voit une course d'attente avant une explosion finale de la part de l'Ibère. «Contador sera devant puisque les frères Schleck vont reprendre l'offensive comme ils l'ont annoncé. Les costauds n'attaqueront pas au pied. Au Ventoux, celui qui attaque en bas ne va pas au bout. C'est presque une règle (réd: exception en 1994 avec l'Italien Eros Poli, qui avait tenu jusqu'au sommet après une longue échappée). A deux kilomètres du chalet Reynard, on sait qu'il y a de bonnes positions pour attaquer», poursuit Michaud.

Pour le retour du Ventoux sur la carte du Tour, sept ans après le succès du Français Richard Virenque, on assistera surtout à une belle bagarre pour la troisième place. Lance Armstrong (3e), Bradley Wiggins (4e), Andreas Klöden (5e) et Frank Schleck se tiennent en 38 secondes... L'Américain essaiera de préserver son bien sur son «vieil ami le Ventoux», qu'il a grimpé sept fois (cinq fois sur le Dauphiné Libéré et deux fois sur le Tour en 2000 et en 2002).

Ceux qui n'ont plus beaucoup de carburant flancheront dans une ascension où tous les éléments viennent ligoter les efforts. Calotte minérale qui toise la Provence, le Ventoux est un ogre. «Le Ventoux, c'est un mythe, une côte terrible. On y rencontre tout ce qu'un cycliste n'aime pas: le vent, les grosses chaleurs, la pente, la longueur et un paysage dénaturé. C'est pour tout cela qu'il fait peur», image Jacques Michaud, qui n'a jamais pris son pied sur le «Miroir des Aigles» du poète René Char. Aujourd'hui, Robic, Bobet, Poulidor, Merckx ou encore Pantani, tous vainqueurs au Ventoux, trouveront un successeur.

Et ce pourrait bien être Contador. /FMA

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