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Les sprinters ne se font pas de cadeau

13 juil. 2011, 09:21

Ils font le même métier, prennent - quasiment - les mêmes risques et ont le même mérite. Mais entre les sprinters, ces «bad boys» du peloton et les grimpeurs, des «gentlemen» qui n'hésitent pas à se faire des politesses au sommet d'un col, la comparaison s'arrête là. A la nature de la route, en quelque sorte. Là où le cycliste peut être d'une rare générosité dans les dénivelés, au point d'offrir une victoire à un rival - Contador n'est pas le moins «généreux» -, il peut devenir proprement imbuvable au bout d'une longue ligne droite. Au point d'échanger des coups. Au propre comme au figuré. Et de s'envoyer quelques piques qui n'ont, ici, rien de très sympathiques.

«Rojas est une merde», avait lâché Alessandro Petacchi, durant la première semaine. La veille, l'Espagnol avait accusé l'Italien de lui avoir donné un violent coup dans les cotes à 1,5 kilomètre de l'arrivée à Redon. «Un grand champion ne devrait pas s'abaisser à ce niveau. J'ai voulu m'expliquer avec lui, après la course. Mais je ne peux pas vous répéter ce qu'il m'a dit…»

Petacchi furieux

Alessandro Petacchi n'avait évidemment pas tardé à réagir. «Un coup de poing? Si j'avais pu, je lui en aurais volontiers donné un. Je mérite davantage de respect. C'est lui qui a fait une manœuvre incorrecte durant le sprint. Il est venu me faire «chier», je l'ai repoussé de la main.» Ne croyez pourtant pas que cet échange d'amabilités constitue une exception, un «bug» isolé.

Au soir de la troisième étape, toujours, c'est Mark Cavendish qui avait allumé Romain Feillu. «Jusqu'au dernier virage, j'ai pensé que ça pouvait passer. Mais comme toujours, kamikaze Feillu est arrivé… Si vous demandez à chaque sprinteur qui fout la merde, quelques coureurs de l'équipe Garmin répondront que c'est moi. Mais la majorité des gars diront: Romain Feillu.»

C'est encore par presse interposée que le Français, souvent placé, rarement gagnant, lui avait retourné le compliment. «Cavendish est mal placé pour parler parce qu'il a déjà fait tomber pas mal de gens. Il ferait mieux de se taire.»

Voilà pour les mots. Restent les coups… Dès le premier sprint intermédiaire de la troisième étape, Mark Cavendish et Thor Hushovd s'étaient frottés, le premier s'appuyant généreusement sur l'épaule du second sans qu'il faille y voir là un quelconque geste de tendresse. «Je lui ai mis un peu de crème solaire», avait souri le Norvégien. Les deux coureurs avaient été déclassés de ce sprint.

Privés de points

Le lendemain, ce sont José Joaquim Rojas et Tom Boonen qui seront privés de points pour s'être, eux aussi, frottés d'un peu près tout en serrant leurs adversaires. Enfin, il n'est pas rare qu'au sein du peloton, certains coureurs n'hésitent pas à distribuer des coups pour se placer quand ils ne jouent pas, plus simplement, des coudes. Mark Cavendish, un expert, n'avait même pas rougi quand il avait avoué au soir de sa première victoire, à Cap-Fréhel, «jouer des coudes pour m'imposer face à un petit coureur.» Et le Britannique d'ajouter. «Quand c'est Greipel, lui qui est assez grand, c'est plus difficile.»

Il ne croyait pas si bien dire. Hier, c'est l'Allemand, son ennemi le plus intime, le plus déclaré aussi, qui a pris le meilleur sur son ancien leader au sein de la Columbia. D'ailleurs, c'est pour goûter enfin au Tour de France, lui qui devait systématiquement s'écarter au profit du maître, qu'il avait fini par quitter l'équipe de Cavendish pour trouver refuge chez Omega-Lotto. «C'est la plus grande victoire de ma carrière», a-t-il lâché avant de saisir la perche que d'aucuns n'ont pas manqué de lui tendre, en conférence de presse. «C'est vrai que Cavendish n'a pas toujours des paroles très aimables vis-à-vis de ses adversaires. J'en ai aussi été victime. Mais je ne veux pas m'abaisser sur ce terrain-là. C'est sur le vélo que je lui réponds…»

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