Thomas Litscher a apporté une cinquième médaille à la Suisse, hier à Champéry, lors du cross-country M23, la troisième en or après celles du cross juniors et du trial féminins (s'y ajoutent l'argent en relais et le bronze en trial par équipes, avec les Jurassiens Loris Braun et Lucien Leiser). Avec encore les prometteurs Matthias Stirnemann (4e) et Reto Indergand (5e), âgés de 20 ans, qui ont encore deux ans pour écumer la catégorie, le tir helvétique est joliment groupé en bordure de cible. Le Polonais Marek Konwa (2e à 1'42) et le Néerlandais Henk Jaap Morlaag (3e à 2'13) ont joué les intercalés.
Malheureusement, Jérémy Huguenin (19e à 9'07) ne s'est pas invité à la fête nationale. Ses résultats du mois d'août ne lui avaient pas permis d'obtenir un carton d'invitation, mais le Neuchâtelois, dans sa tête, espérait secrètement prendre part à la kermesse. Ses jambes, elles, comme redouté, n'étaient pas du même avis. Et en VTT, ce sont elles qui ont le dernier mot.
Sentiment d'impuissance
Quatrième larron suisse pas tout à fait en foire, donc, mais pas exclu du bal non plus. «J'ai pris le parti de partir vite, pour ne pas être pris dans les bouchons dans la première descente technique», livre Jérémy Huguenin, 14e après le tour de décantation (3 km). «Mais dès le premier des six grands tours (4,8 km), j'ai dû laisser partir, en me disant que j'étais déjà sacrement au taquet!» Les rangs ont alors défilé à l'envers, 18e, 20e et même 23e à deux boucles de la fin. «Vers la mi-course, j'avais l'impression d'être vide, de me donner complètement à fond sans que rien ne vienne. J'avais un gros sentiment d'impuissance.» Et le masque de l'effort, de la souffrance, du coureur en quête d'oxygène.
A la manière de Lorraine Truong la veille, le protégé de Bernard Maréchal s'est entêté au courage, renonçant à renoncer devant la magie des Mondiaux. «Tout ce monde, tous ces encouragements, ça me donnait la chair de poule», sourit-il. «Et puis, j'avais reçu beaucoup de SMS avant la course.» A la fin de l'avant-dernier tour, Jérémy Huguenin, alors 21e, a sprinté pour accrocher la roue des deux coureurs qui le précédaient. Comme s'il voulait à tout prix ne pas avoir un 2 devant son classement. «Honnêtement, je visais le top 10. Alors 19e ou 21e, là, tout de suite, c'est vraiment égal», coupe le Neuchâtelois. «Mais je pense qu'avec le recul, je serai content d'être entré dans le top 20 aux championnats du monde.»
Six semaines trop tard
Son grand regret: ne pas avoir su amener jusqu'en septembre la forme qu'il tenait en juillet, qui lui avait permis de rivaliser avec Thomas Litscher aux championnats de Suisse, et de «mettre» près de quatre minutes dans la vue de Jordan Sarrou (réd: 10e hier) lors de sa victoire en Coupe de France à Val d'Isère. «Si les Mondiaux avaient eu lieu six semaines plus tôt, je me serais battu pour une place dans les dix», suppose le coureur du team Giant Swiss. «Marek Konwa, qui fait deuxième, je l'avais aussi battu en Coupe du monde, en mai, à Dalby Forest, le jour où j'ai réalisé ma meilleure performance (5e) à ce niveau.» Oui, mais pour réussir dans les grands rendez-vous, c'est aussi et surtout une question de timing dans les pics de forme.
Médaillé d'argent mercredi avec le relais, Thomas Litscher (17e mondial toutes catégories) a su répondre présent les jours J. Le 6 août, il avait déjà décroché la médaille de bronze aux Européens. Ce n'était qu'un marchepied pour atteindre le sommet du monde.
Champéry. Championnats du monde. Cross country. M23 messieurs: 1. Litscher (S) 1h32'30''. 2. Konwa (Pol) à 1'42''. 3. Moorlag (PB) à 2'13''. 4. Stirnemann (S) à 3'33''. 5. Indergand (S) à 4'17''. Puis: 19. Huguenin à 9'07''.
Trial (pas olympique). Dames: 1. Moor (S) 9. 2. Abant Condal (Esp) 35. 3. Condal (Esp) 41.