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Et s'ils prenaient des risques?

16 juil. 2011, 10:18

«J'étais surpris d'être à leur côt酻 En une phrase, Thomas Voeckler, maillot jaune en sursis, a tout résumé. Lui aussi s'attendait à ce que les leaders enclenchent la bagarre dans les Pyrénées. Mais il est bien le seul à ne pas s'en plaindre. Songez qu'entre le Tourmalet, Luz-Ardiden et l'Aubisque - trois cols hors-catégorie - en deux jours, l'écart entre les favoris s'est élevé à… 33 secondes. En faveur de Frank Schleck, désigné comme le vainqueur, au détriment d'Alberto Contador, considéré dans le même temps comme le grand perdant. Une demi-minute pour un total de 46 kilomètres à 7,3% de moyenne, il y a de quoi afficher un certain scepticisme.

En fait, les leaders n'ont donc exploité que les trois derniers kilomètres dans la station pyrénéenne pour dessiner le général. C'est un peu court, non? «Je les ai tous trouvés un peu mous», ose Jean-François Bernard, consultant sur le site de «L'Equipe». «Ce qu'on a vu était plutôt décevant», corrobore Laurent Jalabert. «J'ai été surpris de voir des attaques aussi timides à quatre kilomètres de l'arrivée.»

Hier, l'éloignement de l'Aubisque par rapport à la ligne d'arrivée a suffi à refroidir les «ardeurs» des grosses cylindrées, plus promptes depuis quelques années à s'expliquer dans les derniers kilomètres d'une ascension qu'à se lancer dans une offensive de grande envergure. Dès le moment où les étapes pyrénéennes se limitent à trois kilomètres d'escarmouche entre gens trop respectueux, quels enseignements faut-il en tirer? D'abord, Frank Schleck a mis quelques secondes au chaud. Mais n'aurait-il pas eu intérêt à attaquer de plus loin pour tenter de creuser plus d'écarts? «Il a relégué Contador à 33 secondes en trois kilomètres. Qu'est-ce qu'il lui aurait mis s'il était parti à dix kilomètres de l'arrivée?», questionne Laurent Jalabert. «Dans quelques jours, on dira peut-être que les Schleck auraient dû profiter de cette étape pour assommer Contador», esquisse Jean-François Bernard.

Les Schleck trop timides

Tiens, c'est exactement le scénario vécu en 2010 à Avoriaz. Alors que l'Espagnol était clairement à la limite de la rupture, plus encore que jeudi, Andy Schleck avait attendu la flamme rouge pour accélérer l'allure. Comme quoi, l'histoire peut se répéter. «Les deux frères sont trop timides au moment d'attaquer», regrette Laurent Jalabert. «En plus, ils n'ont pas fait mal à leurs adversaires.» Bernard Hinault n'en pense pas moins. «Ils auraient dû attaquer Contador plus tôt.» «A deux, ils peuvent tenter de plus loin», estime Stéphane Goubert, un ancien coureur. «J'espère qu'ils ont compris qu'il fallait continuer à l'attaquer. Parce que si Contador récupère, il va tout dynamiter.»

D'ailleurs, le débat n'est pas clos autour de l'Espagnol. «Je ne le vois plus gagner», assure Laurent Jalabert. «Mais il ne faut pas oublier qu'en 2010, il avait aussi craqué dans le final de la première étape de montagne et lâché quelques secondes.»

«Il a longtemps réussi à masquer ses difficultés. Mais il a lâché au premier coup d'accélérateur», constate Bernard Hinault. «Il n'est pas éliminé parce qu'on n'a pas su l'assommer», susurre Jean-François Bernard.

Et l'intéressé, qu'en pense-t-il? «Hier (vendredi), je me suis réveillé sans plus rien ressentir de mes douleurs au genou», affirme l'Espagnol. «La bataille reprendra aujourd'hui. Je pense toujours être capable de gagner la course. Sinon, je ne serais plus là.»

Finalement, ce marquage entre les leaders fait toujours, et plus que jamais, le jeu de Cadel Evans. A une semaine du chrono de Grenoble, où il est un bien meilleur rouleur que les frères Schleck, il reste en pole position. «Pourvu que ça dure…», sourit l'Australien. «Ce n'est pas à lui d'attaquer, c'est aux autres de venir le chercher», résume Steve Morabito. «C'est à eux de lui prendre encore un peu de temps avant le contre-la-montre.»

Aujourd'hui, le Plateau de Beille devrait mieux révéler les hommes forts. Et ceux qui le sont moins. Pour l'anecdote, c'est la cinquième fois que le Tour de France s'arrête ici. Quatre fois, son vainqueur a aussi porté le maillot jaune à Paris: Pantani en 1998, Armstrong en 2002 et 2004 et Contador en 2007. «Le Plateau de Beille, c'est un sacré morceau», prévient John Lelangue, directeur sportif de l'Australien. «C'est réellement l'étape décisive des Pyrénées parce qu'il y a cette fois six cols au programme et que le premier intervient rapidement. Il y aura d'abord une course par l'arrière. Mais la pression n'est pas sur les épaules de Cadel Evans.»

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