Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Enquête ouverte, la colère gronde dans le peloton

12 juil. 2011, 10:19

«Nos pilotes ne sont pas des kamikazes.» Daniel Bilalian, patron des sports à France Télévisions, a tenu à calmer le jeu au lendemain de l'accident qui a impliqué l'une de ses voitures à 30 kilomètres de l'arrivée et qui a envoyé Johnny Hoogerland dans les barbelés - il s'est fait poser 33 points de suture - et Juan-Antonio Flecha à terre. «Nous n'engageons pas des irresponsables non plus», poursuit le journaliste alors que la colère gronde au sein du peloton. Certes, le chauffeur - on évoque un ancien coureur - a été exclu. Il n'empêche qu'en quelques jours, deux accidents quasi identiques ont relancé le débat autour de la présence incongrue d'une nuée de motos et voitures suiveuses. Le climat est d'autant plus passionnel que la première semaine a été émaillée de chutes plus ou moins graves. Et que le peloton a perdu l'un des siens - Wouter Weylandt - lors du Giro alors que Mauricio Soler a été plongé trois semaines dans le coma, lors du Tour de Suisse.

Johnny Hoogerland, le plus touché, est paradoxalement le plus mesuré dans ses propos. «C'est un accident, mais il ne l'a pas fait exprès», estime-t-il. «Je suis néanmoins mécontent parce que je garderai les marques de cette chute durant toute ma vie. Je ne pardonne pas.» Le coureur de Vacansoleil a toutefois décidé de repartir, expliquant qu'il avait moins mal sur un vélo qu'en montant les escaliers...

Plus virulent, Sandy Casar était un témoin privilégié de la scène puisqu'il était juste derrière les deux coureurs fauchés. «Il n'y avait pas le feu, aucune obligation de dépasser. Sur une petite route, il est passé sans klaxonner à une vitesse folle. C'était obligé qu'il le touche.» Luis Leon Sanchez, le vainqueur de l'étape, lui aussi aux premières loges, en rajoute une couche. «De nombreuses voitures de l'organisation, occupées par des invités, nous ont dépassés très vite en nous frôlant. On sentait l'accident proche.»

De toute évidence, le chauffeur n'a pas respecté les injonctions de la direction, via Radio Tour, laquelle ne lui avait pas donné la permission de dépasser. «Je venais d'annoncer sur Radio Tour (réd: le canal que tous les suiveurs doivent écouter en course) qu'il fallait laisser la priorité aux voitures des directeurs sportifs», tonne Christian Prudhomme, le patron du Tour de France. «Les autres devaient s'effacer. Cette voiture ne l'a pas fait. Elle aurait pu heurter les cinq coureurs. Deux accidents en moins d'une semaine, c'est un scandale.»

Le parquet d'Aurillac a ouvert une enquête préliminaire afin de faire la lumière sur un «accident de la circulation avec des préjudices corporels». Cette action doit déterminer les responsabilités. Contrairement aux premières informations, l'équipe Vacansoleil du Hollandais Hoogerland n'envisage pas de porter plainte.

Hier, Fabian Cancellara a eu des mots très durs envers l'organisation. «Plutôt que des routes pour les paysans, que l'on nous propose des routes normales», lâche-t-il. «Je me fous de dormir dans un hôtel cinq étoiles. Ce que je veux, c'est que l'on nous assure un maximum de sécurité. Là où Vinokourov, notamment, est tombé dimanche, il y avait un virage très dangereux. S'il y avait eu des personnes pour le signaler, il n'y aurait pas eu de chute.»

A ses côtés, Andy Schleck embraie. «J'ai vu la chute des échappés à la télévision. La voiture n'avait pas de place pour passer. Ça n'aurait jamais dû arriver. Je n'avais jamais vu un départ de Tour aussi nerveux.» Jérémy Roy, présent trois fois dans les échappées durant la première semaine, apporte son éclairage. «J'étais au premier rang pour assister au ballet incessant des voitures d'invités qui nous doublent, s'arrêtent pour nous regarder et nous redoublent, encore et encore. Remarquez qu'on n'est pas plus tranquilles à l'arrière. Quand on va chercher des bidons, on se retrouve à zigzaguer entre des voitures et des motos dont on ne voit pas l'utilité.»

Votre publicité ici avec IMPACT_medias