Peter Haas, directeur technique de Swiss Athletics, le répète volontiers. «Nous savons qu'il faut généralement trois bonnes chances de médaille pour, au bout du compte, en décrocher une.» Inutile, par conséquent, de nourrir de vains espoirs: à Berlin, les 13 athlètes helvétiques n'ont tout simplement aucune chance d'approcher le podium.
Privé d'un véritable leader en l'absence d'un Viktor Röthlin qui peine à se refaire une santé, l'athlétisme suisse aborde donc le grand rendez-vous mondial avec des ambitions forcément limitées. Dans un sport où le hasard et le miracle n'existent pas, et où la réalité des chiffres demeure implacable, les athlètes suisses, qui partagent leur temps entre le stade, les salles de musculation et leur travail à temps partiel pour la plupart, feront de leur mieux, face à des adversaires aux moyens physiques, financiers et aussi médicaux infiniment supérieurs.
«J'espère avant tout que nos athlètes confirmeront - voire amélioreront - leur meilleure performance de la saison», poursuit Peter Haas. Un objectif louable et raisonnable qui ne devrait cependant permettre à aucun de se glisser dans le peloton de tête, comme l'avoue Peter Haas. «Une Nicole Büchler, un Stefan Müller, un Marco Cribari ou encore un Marc Schneeberger ont réalisé bien des progrès cette année mais, vu la concurrence à ce niveau-là, il ne faut pas s'attendre à une place en finale des deux premiers ou même en demi-finale des deux autres.»
L'exploit? Ce serait effectivement un Suisse en finale, c'est-à-dire dans les huit premiers. Dans cette optique, la perchiste Nicole Büchler, qui a franchi 4m50 cette année, semble posséder les meilleures chances. Mais la densité de la concurrence à cette hauteur-là est telle que la Seelandaise aura besoin d'un exploit, elle qui pointe au 17e rang des 33 engagées. Idem pour le lanceur de javelot zurichois Stefan Müller, 29e sur 52 avec un jet de 81m07 cette saison. Quant aux sprinters Schneeberger et Cribari, ils figurent aux 24e et 39e places d'engagement sur 78. Lisa Urech? La petite merveille de Langnau, 20 ans à peine, a brillé de mille feux le 2 août à Zurich en courant son 100 m haies en 13''01. Elle doit pourtant se contenter du 31e temps des 42 engagées. Dure, dure, la concurrence au niveau mondial et ce n'est pas Cédric Nabé qui prétendra le contraire: ses 10''28 placent le sprinter genevois au 60e rang des 100 engagés sur 100 m.
Alors? Alors, la bonne surprise pourrait peut-être venir des relayeurs du 4 x 100 m, 14es parmi les 18 équipes inscrites avec leurs 39''29 et repêchés de dernière minute par Swiss Athletics sur la base de leur record de Suisse (38''99) établi en 2008. Dans ce genre d'exercice, on sait en effet que les pépins et les disqualifications sont parfois nombreux, comme les sprinters américains en ont bien souvent fait l'expérience. Avouons-le: il faudrait toutefois un sacré concours de circonstances doublé d'une course parfaite pour que Pascal Mancini et les siens décrochent le jackpot.
Mais on peut toujours rêver!