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Joannie Rochette force le respect

25 févr. 2010, 08:16

Athlètes, entraîneurs, dirigeants, bénévoles ou journalistes, toutes et tous vous le confirmeront: l'essentiel est de bien vivre ses Jeux. La pauvre Joannie Rochette, elle, les vit mal, très mal. Et sa triste histoire émeut depuis dimanche tout le Canada.

Sacrée vice-championne du monde l'an dernier à Los Angeles, cette jolie Québécoise de 24 ans à l'accent chantant est la gentillesse et la joie de vivre personnifiées. Ses malheurs n'en touchent que davantage un pays toujours prompt à s'émouvoir. Car Joannie, à deux jours d'entrer en scène dans la compétition la plus importante de sa carrière, a eu la douleur immense de perdre sa mère. Arrivée à Vancouver samedi, Thérèse Rochette, 55 ans, est décédée d'une crise cardiaque quelques heures plus tard. Joannie a appris la nouvelle dimanche matin par la voix de son père Normand, venu la trouver au village olympique.

Pleurer, rentrer, se laisser aller, tout laisser tomber et se morfondre dans son chagrin? Pleurer oui, mais abandonner non. Joannie a décidé que la vie devait continuer et qu'elle patinerait pour sa mère. Mardi soir, elle s'est donc présentée au Pacific Coliseum, plein comme un œuf, pour y présenter son programme court. Une soirée chargée d'émotion. «We're all behind you» («Nous sommes tous derrière toi») titrait en matinée «The Vancouver Sun». Et Joannie a patiné. Sur la musique de la «Cumparsita», et avec cette grâce que les tourments de la vie ne rendent que plus belle et plus profonde. Instants magiques pour un programme absolument parfait. A croire que l'adversité ne peut nous rendre que plus fort encore. «Jamais je ne l'avais vu si bien patiner à l'entraînement que ces deux derniers jours», nous souffle Sarah Meier.

Un ange passe. Deux minutes et 40 secondes d'un douloureux bonheur. Joannie peut enfin se lâcher, elle éclate en sanglots. Sur ses lèvres, on croit lire ces mots: «Oh! maman...» Le public est debout, il applaudit, applaudit et applaudit encore. Dans le «kiss and cry», qui n'aura jamais si bien porté son nom, Manon Perron, le coach, apporte les mots qu'il faut à sa protégée. Mais les extraordinaires 71,36 points (nouveau record personnel) qui viennent de s'afficher sur l'écran géant ne peuvent décemment sécher ses chaudes larmes, atténuer sa peine. Elle, d'ordinaire si joyeuse, se lève, adresse un baiser au public, puis s'en va, seule avec son infinie tristesse. Non, et c'est bien normal, elle ne parlera à la presse avant la fin de la compétition. Mais elle fait parvenir ces quelques lignes aux médias par l'intermédiaire du Comité olympique canadien: «Les mots me manquent pour décrire comment je me sens... J'aimerais revenir dans dix ans et refaire ce programme.»

Au terme de cette soirée de toutes les émotions, c'est l'extraordinaire Coréenne Yu-Na Kim, époustouflante sur son «James Bond», qui mène le bal avec 78,50 points, juste devant la sautillante Japonaise Mao Asada (73,78), qui nous promet deux triples axel pour le libre de ce soir. Le titre reviendra à l'une de ces deux-là. Sarah Meier? En difficulté sur son double axel, elle ne pointe qu'au 15e rang. Solidement accrochée à la 3e place, Joannie Rochette patinera pour le bronze sur la musique de «Samson et Dalila». Elle patinera aussi et surtout, une dernière fois, pour sa chère maman. «Vous vous rendez compte: il y en a qui vont repartir de Vancouver sans médaille, elle, elle va repartir sans sa mère», lâche, pensif à nos côtés, notre confrère Alain Bergeron, du «Journal du Québec».

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