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Jeux Olympiques de Rio: adulé dans le monde pour son abnégation, "Robel la baleine" fâche dans son pays

Il est devenu, comme Eric Moussambani en 2000 à Sydney, l'une des stars de ces Jeux de Rio, bien malgré lui. Robel Habte est un nageur éthiopien un peu rondouillard qui a suscité de nombreux commentaires positifs sur les réseaux sociaux où on soulignait son courage et son abnégation. Mais chez lui, en Ethiopie, on parle surtout de son papa, président de la Fédération de natation et de favoritisme.

11 août 2016, 12:01
Un léger surpoids et une technique peu affinée, Robel est rapidement devenu la coqueluche des internautes.

La contre-performance de Robel Habte, bon dernier des séries du 100 mètres nage libre, alimente la polémique sur les réseaux sociaux jeudi en Ethiopie. Le nageur amateur, fils du président de sa fédération, est soupçonné d'avoir bénéficié de favoritisme pour participer aux Jeux de Rio.

Surnommé "Robel la baleine" en raison de son physique replet, le nageur éthiopien de 1m79 pour 81 kg était pourtant immédiatement devenu la coqueluche du public de Rio après avoir terminé mardi sa course avec un demi-bassin de retard sur ses concurrents. Sa contre-performance, un temps de 1'04''95, bien loin des 48''58 secondes nécessaires à une qualification pour le tour suivant, a été jugée exemplaire de l'esprit et de la maxime olympique "l'important est de participer" par la presse internationale, et a valu à Robel Habte une célébrité immédiate.

 

Favoritisme?

Mais en Ethiopie, les médias en ligne ont rapidement rappelé que Robel Habte n'est autre que le fils de Kiros Habte, le président de la Fédération éthiopienne de natation, soulevant la question d'un passe-droit pour sa sélection au sein l'équipe olympique.

"Robel est le symbole du racisme, du favoritisme et de l'incompétence que nous sommes en train de combattre", juge Lina T., une habitante d'Addis Abeba sur internet, faisant référence au mouvement de contestation antigouvernementale violemment réprimé ces dernières semaines en Ethiopie.

 

Et le cas Robel Habte est devenu un sujet de discussions enflammées sur les réseaux sociaux en Ethiopie, où de nombreux internautes demandent la démission du président de la Fédération de natation, un sport peu répandu dans un pays enclavé ne comptant aucune piscine olympique.

D'autant que le nageur éthiopien de 24 ans, sans aucune expérience sportive en compétition, a eu l'honneur d'être le porte-drapeau de la délégation éthiopienne, qui compte pourtant des coureurs de fond et demi-fond de classe mondiale, lors de la cérémonie d'ouverture.

"C'est OK de finir dernier, quelqu'un doit l'être, mais ce n'est pas OK d'humilier une nation en participant à une compétition sans aucune compétence", s'indigne Seble T., une autre habitante de la capitale. "C'est triste d'avoir autant de Robel dans le système, il est temps de se rendre compte des raisons pour lesquelles les gens sont aussi remontés et frustrés".

Kiros Habte, joint à Rio par la radio gouvernementale "Fana", s'est défendu en soutenant que "nous ne visions aucun résultat, nous avons simplement voulu participer, c'est tout".

Nul doute que le début des compétitions d'athlétisme donnera à l'Ethiopie l'occasion de redorer son blason, même si la fédération éthiopienne d'athlétisme avait déjà essuyé des accusations d'incompétence et de népotisme avant les JO pour avoir écarté le triple médaillé olympique Kenenisa Bekele de sa sélection au profit de coureurs plus jeunes et moins expérimentés.

A Sydney, en 2000, c'est le Guinéen Eric Moussambani qui avait fait la une de toutes les télés pour sa technique... originale:

 

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