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Eggler: «Bravo, les gars, on a tout donné, on a tout essayé»

27 févr. 2010, 08:06

Comme son homologue féminine hier, l'équipe de Suisse masculine jouera pour la 3e place ce soir (18h) contre la Suède. Battus 7-5 par d'incroyables Norvégiens jeudi soir en demi-finale, Markus Eggler et Ralph Stöckli, les deux piliers de l'équipe helvétique masculine de curling, n'ont pas sombré dans la sinistrose, que non! Ils ont au contraire offert une bien belle leçon de sportivité, dont beaucoup d'athlètes pourraient s'inspirer.

«Que voulez-vous, c'est ainsi: nous n'avons pas mal joué, je dirais même que nous avons très bien joué, puisque notre taux de réussite est de 85%», explique Stöckli (33 ans). Mais les Norvégiens étaient sur un nuage. Vous avez vu leur taux de réussite? 91%! Gagner contre une telle équipe, c'était presque impossible. Allez, ce sont les Jeux, et perdre en demi-finale, ce n'est franchement pas un drame. Quand l'adversaire joue mieux que vous, c'est bien normal qu'il gagne.»

Un match de tout haut niveau, vécu deux heures et demie durant avec le sourire par Eggler, le skip de 41 ans, lequel n'a cessé d'encourager ses jeunes coéquipiers. «Franchement, on a quand même une sacrée chance d'être aux Jeux», rigole-t-il. «La défaite? Oui, au fond de moi, elle m'énerve. Mais ça sert à quoi de se lamenter, de refaire le match, lorsque vous savez que l'équipe qui était en face était meilleure? C'est ce que j'ai dit aux autres à la fin du match: bravo, les gars, on a tout donné, on a tout essayé.»

Un bien bel esprit sportif qui va sans doute chercher racine dans l'humilité des personnages. Il y a cinq mois encore, le Saint-Gallois Stöckli était le skip de cette formation de Bâle-Regio. Constatant ses limites, il a demandé à son pote Eggler de le remplacer aux commandes, pour le bien de l'équipe. «Avec toi comme skip, comme patron, nous aurons de meilleures chances.» Pas courant, dans le monde actuel, d'admettre ses faiblesses. Lui l'a fait.

Le Bâlois Eggler a accepté, l'équipe est devenue vice-championne d'Europe en décembre à Aberdeen, elle reste en course ici pour une médaille olympique. Bien bel exploit pour des... amateurs! «Nous ne le sommes plus depuis l'automne passé», continue à se marrer Eggler. «On a tous pris cinq mois pour préparer la saison 2009 /10. Sinon, Ralph, moi, et aussi Jan Hauser et Simon Struebin, on bosse tous, entre 80 et 100%. D'ailleurs, la semaine prochaine, retour au boulot!» Eh oui! Stöckli bosse à Ittigen pour le compte de l'Association suisse de curling, Hauser est architecte paysagiste, Strueblin œuvre dans l'économie. Et Eggler? Il est directeur d'une imprimerie, à Birsfelden, qui emploie 18 personnes! «J'ai la chance d'avoir un bras droit et des hommes de confiance sur qui je peux compter», se félicite-t-il. «Mais, entre deux séances d'entraînement, je passais tout de même au bureau ces derniers mois...»

Voilà qui tranche avec le monde du curling canadien, où pas moins de 20 formations de haut niveau gagnent leur vie avec leur sport, le célèbre et redoutable skip Kevin Martin empochant, paraît-il, 2 millions de dollars par année. Un fossé qui ne dérange pas Eggler, le seul de l'équipe à avoir déjà obtenu une médaille olympique (bronze en 2002 à Salt Lake City) et un titre mondial (1992 à Garmisch). «Je vis bien, j'ai la chance de pratiquer un sport formidable, de vivre à nouveau des Jeux olympiques. Franchement, que demander de mieux?» Peut-être une nouvelle médaille de bronze. Il y a huit ans dans l'Utah, le Bâlois avait déjà perdu contre la Norvège en demi-finale, avant de battre la... Suède pour la 3e place! Suisse - Suède, c'est pour ce soir, 18h, heure suisse.

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