Les 12es championnats du monde d'athlétisme s'ouvrent demain à Berlin, avec d'entrée le point fort, l'affrontement sur 100 m entre Usain Bolt et Tyson Gay. Ce sera le premier duel entre le Jamaïcain et l'Américain depuis un an, qui se répétera sur 200 m et 4 x 100 m: les records pourraient bien voler en éclats.
Deux tours du 100 m demain, deux dimanche ponctués par la finale à 21h35: la montée en puissance sera progressive, avec un Gay «dans la forme de sa vie» et un Bolt qui s'annonce à 100% après le léger retard dans sa préparation consécutif à son accident de voiture, en avril en Jamaïque.
Gay (27 ans) est triple champion du monde (100, 200 et 4 x 100 m), mais il n'avait pas pu défendre valablement ses chances aux JO de Pékin à cause d'une blessure. Bolt (22 ans) est la nouvelle icône de l'athlétisme depuis son triple exploit légendaire de Pékin sous forme de trois records du monde.
Cette saison, chacun a couru de son côté, Gay en 9''77 et 19''58, Bolt en 9''79 et 19''59, dans des conditions atmosphériques cependant plus avantageuses pour Gay. Très technique, l'Américain est moins spectaculaire. Il reconnaît que «Bolt est une bête ou un monstre». Bolt estime pour sa part qu'à son top, «il ne sera pas battu» (par Gay).
Ce duel symbolise aussi l'opposition plus générale entre Américains et Jamaïcains. A Pékin, les premiers avaient pris une claque en voyant les Caribéens rafler cinq des six titres du sprint. Mais cette fois, minés par les querelles de clan et égratignés par le vrai-faux contrôle positif de cinq des leurs, les Jamaïcains sont attendus au contour. Reste qu'avec Melaine Walker (400 m haies), Veronica Campbell (100 et 200 m), Isa Phillips (400 m haies), Shelly-Ann Fraser ou Kerron Stewart (100 m), ils gardent de quoi cumuler les titres.
Idem, bien sûr, pour les Etats-Unis, nation dominante depuis toujours: en onze éditions depuis 1983, les athlètes US ont enlevé 110 titres, le double de la Russie et ex-URSS. A Berlin, ils s'apprêtent encore à faire main basse sur le tour de piste, sans obstacle (Lashawn Merritt, Jeremy Wariner, Sanya Richards, relais) ou avec obstacles (Kerron Clement, Bershawn Jackson, Lashinda Demus). Et ils restent très forts dans les concours.
A part Bolt voire Campbell, peu d'athlètes sont susceptibles d'entrer dans l'histoire par un doublé individuel. Mais le Kenyan Asbel Kiprop (20 ans) tentera le coup sur 800 et 1500 m. Peut-être aussi Kenenisa Bekele sur 5000 et 10 000 m. L'Ethiopien avait gagné les deux courses à Pékin. Sa compatriote Tirunesh Dibaba, également auteur de ce tour de force aux Jeux, est incertaine en raison d'une blessure. Avec ou sans elle, l'Ethiopie restera la nation dominante dans le demi-fond féminin.
Le duel le plus attendu du public germanique opposera, à la hauteur, l'Allemande Ariane Friedrich à la Croate Blanka Vlasic, avec un record du monde (2m09) qui devrait trembler. Femme à records (26 en tout) à la soif inextinguible, la perchiste russe Yelena Isinbayeva pourrait, cette fois, elle aussi trembler, sa domination étant moins nette cette année. Mais elle conserve de la marge.
De somptueux concours s'annoncent à la longueur avec l'Américain Dwight Phillips et le Panaméen Irving Saladino, respectivement 8m74 et 8m63 cette saison, à la perche avec la révélation française Renaud Lavillenie (6m01 en 2009) et le champion olympique australien Steve Hooker, toutefois incertain. Sans oublier l'énième duel, au javelot, entre le champion olympique norvégien Andreas Thorkildsen et le double champion du monde finlandais Tero Pitkämäki, arbitré par le Letton Vadims Vasilevskis.
L'athlétisme féminin russe devrait encore briller, malgré les nombreuses suspensions pour dopage. D'une façon générale, le resserrement des contrôles, avec plus de 1000 tests prévus à Berlin et la mise en place d'un passeport biologique, rend les compétitions plus ouvertes. /si