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Bolt époustouflant

Douze mois après ses JO électriques de Pékin, l'éclair Usain Bolt fait à nouveau parler la foudre à Berlin. Doté d'un compas hors normes, le Jamaïcain a remporté la finale du 100 m dans le chrono astronomique de... 9''58 (!) et en 41 foulées. Explications.

17 août 2009, 14:16

Mimiques à l'adresse du public juste avant la course, la foudre qui se déchaîne sur la piste, et ce temps incroyable de 9''58 qui s'inscrit sur le tableau géant: Usain Bolt, à cinq jours de son 23e anniversaire, a à nouveau fait son show, hier soir à Berlin, lors de la deuxième journée des 12es championnats du monde d'athlétisme. Un record du monde du 100 m inimaginable il y a encore une année à peine et qui relègue aux oubliettes les 9''69 que le Jamaïcain avait signés l'an dernier aux JO de Pékin.

Deuxième, Tyson Gay a battu le record des Etats-Unis en 9''71, la troisième place est revenue à Asafa Powell en 9''84. Des temps supersoniques pour une finale supersonique, courue avec un léger vent favorable de 0,9 m/s et dans l'ambiance électrique de l'Olympiastadion.

«Il faudra courir en 9''59 pour le battre», avait prédit Tyson Gay quelques jours avant cette finale historique. L'Américain, déchu de son titre obtenu en 2007 à Osaka en 9''85, n'est pas tombé loin. Mais il n'a rien pu faire contre cette tornade jamaïcaine qui semble venir d'une autre planète. Puma a donc gagné le duel qui l'opposait à Adidas, et vendu à grand renfort de publicité ces derniers jours: une nouvelle chaussure orange métallique et légère de 149 grammes («The Yaam», du nom de son plat préféré) pour Bolt, une savate au look rétro, lourde de 230 grammes («Trinity», du prénom de sa fille) pour Gay.

Mais ce n'est bien évidemment pas l'équipement qui a forcé la décision hier soir. Grand de 1m96 pour 83 kg, Bolt présente un excellent rapport poids /puissance. Avec ses très longues jambes, puissantes, il développe un compas impressionnant, des foulées de 2m65 dans sa seconde partie de course. Il avale généralement son 100 m, comme hier soir, en 41 foulées, contre 43 à Gay, 45 à Powell. Là est toute la différence.

Le Jurassien André Guerdat, qui entraîne des sprinters depuis plus de 30 ans et passé expert en biomécanique, est admiratif devant une telle démonstration: «Bolt court son 100 m en 41 pas, c'est impressionnant. Gay, lui, a besoin de 43 foulées, Powell de 45, comme Carl Lewis ou Lindford Christie à l'époque.» Mais un compas, aussi grand soit-il, ne serait rien, mais alors rien du tout sans une excellente fréquence. «Evidemment, et c'est là que Bolt est très fort. Contrairement à d'autres, il parvient à trouver le rapport parfait entre amplitude et fréquence des foulées.»

Un pas de plus, un pas de moins: quelle importance, au fond? Enorme, vous répondront tous les passionnés de biomécanique! André Guerdat encore: «Sachez qu'un pas, une foulée représente en moyenne un temps de course de 21 centièmes de seconde: 11 centièmes pour le déroulement complet du pied au sol, 10 centièmes pour la transition faite en l'air. Le calcul est vite fait, et je le répète souvent à mes sprinters: si vous parvenez à allonger votre foulée tout en conservant la même fréquence, vous pouvez gagner deux dixièmes sur un 100 m en faisant un pas de moins.»

Mais Bolt parviendrait-il à faire beaucoup mieux encore s'il prenait de meilleurs départs? André Guerdat n'y croit pas. «Bolt ne manque pas son départ, c'est une gestion différente de la course que lui impose son grand gabarit. Certains se focalisent sur le départ et finissent leur course sur les genoux. Lui pas. Il dépense moins d'influx nerveux en début de course et réussit à garder sa vitesse maximale plus longtemps que tous les autres.»

Tout cela a l'air si simple. Du moins lorsque c'est mis en pratique par Bolt. Mais où donc s'arrêtera ce garçon? /ALA

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