Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Berlin va prendre de la hauteur

C'est le grand duel féminin de ces 12es Championnats du monde. A main gauche, la Croate Blanka Vlasic, 1m92 et 68 kg. A main droite, l'Allemande Ariane Friedrich, 1m79, 61 kg. Les deux jeunes femmes, 25 ans toutes les deux, vont se livrer un duel de feu dès 19h10 au saut en hauteur.

20 août 2009, 11:18

Asperges au menu, ce soir à l'Olympiastadion de Berlin. La finale du saut en hauteur féminin rassemblera douze athlètes plus ou moins anorexiques qui présentent toutes ou presque la particularité de pouvoir sauter deux mètres. Big Mac exclus, chicken nuggets également: le saut en hauteur est à l'athlétisme ce que le saut à skis est aux sports de neige. Blanka Vlasic, la championne du monde en titre, l'a bien compris: une sauteuse en hauteur, ça ne fait pas de gras.

«Blanka, depuis son revers traumatisant des Jeux de Pékin, est devenue végétarienne», avoue son manager autrichien Harald Edletzberger. «Lorsqu'elle descend dans un hôtel, elle ne va plus manger au restaurant, car elle a peur de se laisser tenter. Elle se fait alors amener des fruits et des légumes dans sa chambre par le service d'étage.» Depuis l'automne passé, la jeune Croate, qui n'avait pourtant rien d'un pachyderme, a ainsi perdu sept kilos, passant de 75 à 68 kilos...

Impitoyable, la hauteur féminine? La longiligne Blanka, du haut de son 1m92, en est persuadée. L'an dernier, reine incontestée de la discipline, elle s'était présentée aux JO de Pékin avec 33 concours sans défaite dans les jambes. Et voilà que la Belge Tia Hellebaut lui avait soufflé l'or au Nid d'oiseau. Deux semaines plus tard, c'est une Allemande, Ariane Friedrich, qui lui avait fait perdre le jackpot d'un million de dollars lors de l'ultime étape de la Golden League, à Bruxelles.

Depuis, Hellebaut, jeune maman, est rentrée au Plat Pays et a définitivement suspendu ses savates à pointes dans son laboratoire de chimie, à Tessenderlo. Mais Friedrich, elle, continue à enquiquiner Vlasic. Jusqu'à en devenir carrément insupportable. Début mars, à Turin, l'Allemande lui chipe le titre européen en salle. Le 14 juin, dans ce même Stade olympique de Berlin, lors de la première levée de la Golden League 2009, Friedrich pousse la provocation jusqu'à réussir 2m06, nouveau record d'Allemagne. Vlasic, cette saison, n'en est «qu'à» 2m05.

Mais qui est donc cette impertinente Ariane Friedrich, qui était encore une parfaite inconnue il y a deux ans à peine? Une fliquette, qui prépare ses examens de commissaire! «Je travaille au poste de Kelsterbach, près de Francfort, les lundis, mercredis et vendredis, de 10h à 15h», rigole la fausse blonde platine. «Deux jours avant de sauter 2m06, ici à Berlin, j'étais encore en train de relever les dépositions de témoins d'un vol à la tire.» Un bien curieux phénomène que cette jeune Allemande qui voue une passion immodérée pour Marie Curie et Léonard de Vinci et qui ne peut s'imaginer sauter sans ses inséparables lunettes de soleil. «Ce n'est pas pour le look, c'est pour une meilleure vision.» Comme son job à la gendarmerie. «Oui, ça m'offre une meilleure vision… de la vie! Entre mes dix séances d'entraînement hebdomadaires, ça m'aère l'esprit.»

Si la grande Blanka Vlasic (1m92, 68 kg) fut un talent précoce (la Croate sautait déjà 1m93 à 16 ans), la «petite» Ariane Friedrich (1m79, 61 kg) a explosé sur le tard. De 1m94 en 2007, elle a progressé à 2m03 en 2008. «A l'image d'une carrière en dents de scie. A 14 ans, j'avais posé les plaques, j'étais avachie devant la télé. C'est ma mère qui m'a persuadée de reprendre le chemin du stade d'entraînement.»

Les deux jeunes femmes seront les grandissimes favorites de la finale de ce soir, qu'elles aborderont débarrassées de leurs soucis. Blanka Vlasic, qui s'était fracassé la tête mardi matin contre le cadre de la porte de sa salle de bains et avait fini en sang à l'hôpital, s'est lavé les cheveux. Ses six points de suture tiendront bon. Quant à Ariane Friedrich, qui se plaignait de douleurs dorsales en raison d'un lit trop mou, elle est allée s'acheter un matelas plus dur chez Ikea («Le modèle Sultan, à 179 euros») et s'est raboulée avec celui-ci dans l'hôtel quatre étoiles «Berlin Berlin», où elle loge. Depuis, elle dort beaucoup mieux.

Soirée de gala annoncée à Berlin. Vlasic la danseuse, la fille de Split au regard légèrement hautain, et Friedrich la combattante, la future commissaire de police au cri strident, sont certaines d'être à la hauteur. /ALA

Votre publicité ici avec IMPACT_medias